Bruxelles. À l’heure d’un afflux massif de rapports et indicateurs économiques, les institutions et organismes européens dévoilent le tableau d’une Union Européenne où quelques teintes d’espoirs font face à un océan d’incertitudes.
Édité par Eurostat, l’Indicateur de Sentiment Économique 1, qui représente l’agrégation pondérée de cinq indicateurs de confiance (industrie, services, consommateurs, construction, commerce de détail) vis-à-vis de certains secteurs économiques, a vu sa valeur diminuer à 105,5 en mars (moyenne de 100) contre 106,2 en février. Anticipé à 105,9, la réalité s’avère donc inférieure aux prévisions.
Cette inquiétude provient principalement de la dégradation du climat des affaires 2 . Traduisant l’évolution du cycle économique conjoncturel, l’Indicateur du Climat des Affaires affiche 0,53 en mars, après 0,69 en février. Or, plus ce dernier est haut, et plus les industriels sont optimistes sur l’évolution conjoncturelle. Cette baisse traduit en réalité une détérioration du climat des affaires dans l’industrie, toutefois compensée par une relative amélioration du climat dans les services.
De son côté, l’indicateur Sentix 3, du nom de l’institut de conjoncture allemand, mesure le sentiment de confiance des investisseurs. Élaboré grâce à un échantillon de 1000 investisseurs questionnés du 28 février au 2 mars, il affiche une grande amélioration, passant de -3,7 en février à -2,2 en mars. Confirmé par Manfred Hübner, Directeur général de Sentix, l’espoir porté par les investisseurs de voir le rétablissement conjoncturel asiatique est l’un des principaux facteurs ayant permis de dépasser son niveau estimé de -3,1.
Outre Atlantique, l’excédent marchand avec les États-Unis a atteint 11,5 milliards d’euros en janvier, contre 10,1 milliards d’euros en janvier 2018. Hostile à cet excédent, Trump avait entre autres imposé des barrières aux importations d’acier et d’aluminium européens et menace toujours de sanctionner les importations automobiles. Face aux imprévisibles injonctions américaines, l’Europe semble jusqu’alors faire preuve d’une certaine force de négociation.
Avec un commerce extérieur déficitaire de 21,4 milliards d’euros, la problématique de l’excédent chinois vis-à-vis de l’Europe vient s’ajouter à liste des tensions commerciales. Observant une diminution de ses importations, la Chine semble hésiter à s’ouvrir. Afin de tempérer les ardeurs, les 28 ont dès lors élaboré un plan en dix points 4 visant à neutraliser et harmoniser les relations économiques sino-européennes, dans le but de pousser également la Chine à s’ouvrir. Renforcement et promotion d’intérêts communs au niveau mondial, rééquilibrage et rapprochement des relations économiques ainsi que renforcement des politiques européennes intérieures industrielles sont au cœur de ce plan.
Du haut de l’EuroTower, la Banque Centrale Européenne (BCE) a récemment annoncé qu’une nouvelle vague de crédits bonifiés sera à l’ordre du jour. Concrètement, l’institution souhaite augmenter la quantité de monnaie en circulation afin d’inciter les banques à octroyer davantage de prêts. En affichant une croissance de la masse monétaire (M3) de 4,3 % par rapport à février 2018 (estimée 3,9 % sur un an), ces politiques de soutien du crédit semblent avoir sue atteindre leur finalité.
En effet, les crédits ont pu bénéficier d’une réelle dynamique, tant pour les entreprises non-financières du secteur privé (+3,7 % sur un an) que pour les ménages (+3,3 % sur un an). Ces taux de croissances se situaient alors respectivement à +3,3 % et +3,9 % en janvier dernier selon la BCE. Cette dynamique est en réalité le fruit de la politique de rachats massifs d’actifs menée par la BCE aux lendemains de la crise des subprimes.
Fléau historique allemand, l’inflation de la zone euro sur un an en février reste en dessous des clous de 2 % imposés par le Traité de Maastricht de 1992. À 1,5 % 5, la hausse de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) a été essentiellement portée par les prix des services, des produits alimentaires, de l’alcool, du tabac ainsi que de l’énergie. À en croire les économistes européens, cette inflation se maintiendrait à un niveau similaire sur l’ensemble de l’année, dissimulant une légère hausse en avril après l’infléchissement de mars.
Tourment pour l’essentiel Grec, Italien, Espagnol et Français, le chômage du mois de janvier s’affiche stable à 7,8 % de la population active en Zone euro contre 6,5 % dans l’Union. Ces chiffres sont en effet le reflet d’une baisse des demandeurs d’emplois, en janvier, de 23 000 en Zone Euro et de 56 000 dans l’Union, synonyme d’une dynamique encourageante.
Le relatif optimisme qui ressort de l’analyse de ces données laisse toutefois entrevoir doutes et interrogations sur leurs évolutions respectives. Avec une croissance quasi nulle, une hausse du chômage et une augmentation de la dette, l’Italie renforce les inquiétudes. Malgré l’amélioration du déficit public, la France reste dans l’incertitude face à la sortie de crise des Gilets Jaunes. Outre Rhin, l’Allemagne semble montrer des signes de fatigue avec une production industrielle en baisse et une conjoncture altérée. Une réelle coopération et harmonisation économique européenne semble plus que jamais nécessaire.
Perspectives :
- Publié il y a quelques jours, le PIB brut du 4ème trimestre italien ainsi que les ventes européennes de détail en février vont être au coeur des analyses.
- Très attendus, les chiffres de la production industrielle allemande ainsi que la balance commerciale française ont été publiés ce vendredi 5 avril. Analyses et prévisions seront à l’ordre du jour.
Sources
- Indicateur de Sentiment Économique, Eurostat, 28/03/2019.
- Indicateur du Climat des Affaires, Eurostat, 28/03/2019.
- Indice Sentix, Sentix, 31/03/2019.
- Indicateur de Sentiment Économique, Eurostat, 28/03/2019.
- Indice des Prix à la Consommation, Eurostat, 01/03/2019.