Paris. Les grands groupes français ont de quoi se réjouir. La visite de Xi Jinping à Paris s’est soldée par l’annonce de plusieurs grands contrats industriels, notamment dans le secteur énergétique. Le groupe EDF, via sa filiale EDF Renouvelables, a signé un partenariat avec la China Energy Investment Corporation pour la construction et l’exploitation des phases IV et V du projet de parc éolien offshore “Dongtai”, au large de la province de Jiangsu au nord de Shangai. La valeur annoncée du contrat s’élève à 1 milliard d’euros et fait rentrer EDF, selon son PDG Jean-Bernard Lévy, dans un marché éminemment stratégique.

L’entreprise China Energy Investment Corporation a longtemps concentré ses investissements dans l’extraction, la combustion de charbon et la construction d’infrastructures électriques en Chine. Mais l’éolien, et a fortiori l’éolien en mer, apparaît comme un secteur d’intérêt majeur pour la Chine, qui affiche les perspectives de croissance les plus rapides au monde, avec l’objectif de passer de 5,3 Gw de puissance actuellement installée à 50 GW en exploitation d’ici à 2030, selon EDF.

Selon le cabinet de conseil FTI Consulting, la seule province de Jiangsu compterait 24 projets en cours de conception et de développement, pour un total de 6,4 GW et pour une mise en service estimée à 2020. Toujours selon ce cabinet, la Chine devrait dépasser le Royaume-Uni, premier pays en termes de puissance installée en mer, d’ici 20211 .

L’éolien offshore, estampillé « Three Gorges of the Sea » en référence au barrage des Trois Gorges, la plus grande installation hydroélectrique au monde, est donc l’objet d’ambitions précises pour la Chine. Lu Chu, membre du comité permanent de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CPPCC), met en avant la nécessité pour le pays de consolider sa capacité d’investissement – les projets éoliens en mer mobilisant une concentration de capitaux particulièrement élevée – par la maîtrise de toute la chaîne de valeur, et plus particulièrement des technologies et des compétences requises pour sécuriser le développement de la filière au long cours.

Plusieurs autres contrats ont été signés entre les industriels français et les émissaires chinois, comme le développement par EDF d’un réseau de chaleur et de froid urbain dans la ville de Wuhan, pour une valeur annoncée à 100 millions d’euros, et la modernisation de centrales électriques par Schneider Electric.

La signature de ces contrats s’inscrit dans un contexte de formalisation par l’Union européenne de l’encadrement des investissements chinois dans les États membres, et de la promotion de relations économiques à la « réciprocité mieux articulée », selon les mots de Jean-Claude Juncker à Paris aux côtés d’Angela Merkel, d’Emmanuel Macron et de Xi Jinping. Cette mise en garde ne semble pas affecter aujourd’hui la capacité des États membres de l’UE à multiplier les projets d’investissement, tout particulièrement dans des secteurs à haute valeur ajoutée technologique comme l’éolien, où les groupes européens bénéficient d’une maturité très avancée.

Perspectives :

  • Poursuite de l’essor du secteur des énergies renouvelables en Chine, et positionnement d’entreprises françaises sur ce marché aux perspectives de croissance rapide.
  • La capacité d’investissement massive de la Chine sera-t-elle remise en question par un ralentissement de sa croissance à moyen terme ?

Sources :

  1. DEIGN Jason, Uk set to lose offshore wind crown to China by 2021, Green Tech Media, 31/01/2019.
  2. Macron, Xi, Merkel et Juncker affichent de larges convergences, Reuters, 26/04/2019.
  3. YIMING G., Marching toward the sea : Exploration of offshore wind power, China.org.cn, 05/03/2019.

Clémence Pélegrin

Sources
  1. DEIGN Jason, Uk set to lose offshore wind crown to China by 2021, Green Tech Media, 31/01/2019.