Strasbourg. Une résolution offensive, qui va au-delà du ton habituel de la confrontation. Par 402 voix pour et 163 voix contre (plus 89 abstentions), le Parlement européen a approuvé mardi 13 mars un texte condamnant les politiques menées par la Russie sur son territoire et à l’étranger1.

La liste d’accusations dans le texte adopté est longue2. Du non-respect des accords de Minsk à l’occupation de la Crimée, et de l’ingérence en Libye et en République centrafricaine au soutien au président syrien Assad, jusqu’à la manipulation en Europe, par le biais de cyberattaques et de tentatives d’influence sur les processus électoraux, presque rien ne manque à l’appel : toutes les frictions de ces dernières années sont mises en lumière dans un acte d’accusation unifié qui n’est pas juridiquement contraignant.

Concrètement, les députés proposent de réviser l’accord de partenariat et de coopération signé avec la Russie en 1997 et de limiter la coopération avec Moscou à certains domaines d’intérêt commun, restreints et nécessaires : lutte contre le changement climatique et le terrorisme, numérisation, sécurité énergétique et quelques autres questions globales.

Derrière les accusations portées contre les Russes se cachent principalement les craintes (européennes et américaines) pour le développement du projet Nord Stream 2, c’est-à-dire le renforcement du gazoduc qui relie déjà l’Allemagne et la Russie. Les Polonais l’ont ironiquement comparé au pacte Molotov-Ribbentrop3. Officiellement, les préoccupations exprimées concernent principalement la dépendance énergétique européenne vis-à-vis de la Fédération de Russie. Mais ce qui se répand vraiment, c’est la crainte d’un rapprochement excessif de Berlin avec Moscou.

Le rapporteur de la résolution est l’eurodéputée lettonne du PPE Sandra Kalniete. Comme chacun le sait, les représentants politiques des États baltes ont toujours été en première ligne dans la dénonciation des menaces réelles ou présumées de Moscou. Mais ils furent largement soutenus dans cette phase de préparation des élections européennes, lorsque les députés tentent d’adopter des positions plus sévères à des fins électorales.

Il est toutefois intéressant de noter certains des chiffres du vote. Outre le grand nombre de représentants des groupes PPE, S&D et ALDE, le groupe eurosceptique ECR a apporté une contribution significative (55 voix). Cependant, la plupart des votes dans le groupe provenaient des Britanniques et des Polonais.

En ce qui concerne l’Italie, les représentants des deux partis au pouvoir (Ligue et M5S) ont voté contre, accompagnés d’une patrouille minoritaire de députés du PD. Au total, seuls 14 députés italiens (sur 73) ont soutenu la résolution, à peu près le même nombre que ceux de Belgique et de Finlande. C’est la preuve du manque d’hostilité que l’Italie manifeste généralement à l’égard de la Russie.

Perspectives :

  • 23 – 26 mai 2019 : élections pour le renouvellement du Parlement européen.
  • 31 juillet 2019 : expiration de la dernière prorogation des sanctions de l’Ue à l’encontre de la Russie.

Sources :

  1. EU MEPs : Russia can no longer be considered a ‘strategic partner’, Modern Diplomacy, 13 mars 2019.
  2. Nord Stream II Project : Old Solution to New Problem(s), ISPI, 9 novembre 2016.
  3. European Parliament resolution of 12 March 2019 on the state of EU-Russia political relations, Parlement européen, 12 mars 2019.

Pietro Figuera