Rome. Avant d’être nommé secrétaire d’Etat au développement économique, Michele Geraci expliquait sur son site personnel (2) la capacité de la Chine à tirer avantage des spécificités du marché commun européen.
En particulier, Geraci parlait (en avril 2018) de stratégie du cheval de Troie à propos du choix de la Hongrie de ne pas s’aligner sur les autres membres de l’Union pour condamner le projet de la nouvelle route de la soie.
En prêtant main forte à un pays européen en difficulté (comme la Grèce au moment de l’acquisition du port du Pirée), Pékin se serait à la fois assuré au moins constamment un « protecteur » à Bruxelles et aurait empêché l’Europe de faire bloc contre ses projets.
« Attention ! – faisait remarquer Geraci par ailleurs – si un pays, en l’occurrence la Hongrie, est libre d’accepter au moins un investissement chinois sur son propre territoire, les marchandises produites dans ce pays par des entreprises chinoises seront « Made in UE » et donc pourront désormais circuler librement dans les 27 autres pays. »
La signature prochaine du mémorandum d’accord entre l’Italie et la Chine (1) marque une nouvelle avancée de la pénétration commerciale et politique chinoise en Occident. En effet, si l’Italie est déjà le quatorzième membre de l’Union Européenne à signer un mémorandum pour la route de la soie, c’est le premier Etat de cette envergure à conclure ce type d’accord avec la Chine : le seul, comme beaucoup l’ont noté, à faire partie du G7. D’où une réaction bien plus virulente de la part de Washington que lors des accords conclus avec la Croatie ou bien le Portugal.
Si l’image du cheval de Troie n’est peut-être pas la plus adaptée pour décrire la stratégie actuelle de la Chine en Europe (dans la mesure où les principaux accords pour la route de la soie sont surtout à un stade avancé dans la partie orientale du continent) elle peut en effet se révéler utile pour décrire l’implication de Pékin dans le grand jeu géopolitique occidental. Rome sera-t-elle le cheval de Troie de Xi Jinping ?
Perspectives
- 21-24 mars : visite de Xi Jinping en Italie, durant laquelle devrait être signé le MoU
Sources
1. BALDASSARE Rita, Via della seta, il testo dell’intesa tra l’Italia e la Cina : la versione in inglese e la traduzione in italiano, in Corriere della Sera.
2. GERACI Michele, Budapest : il cavallo di Troia della sovraproduzione cinese, in michelegeraci.com
Luca Lottero