Sofia. Lundi 4 mars, à Sofia, le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a affirmé attendre des « garanties » de l’UE avant d’envisager une extension européenne du gazoduc Turkstream reliant la Russie à la Turquie via la mer Noire. « Nous ne pourrons évoquer les prochaines étapes qu’après avoir obtenu des garanties fiables (…) de la Commission européenne que le projet ne sera pas annulé et qu’il n’y aura pas d’obstacles » à sa réalisation, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse aux côtés de son homologue bulgare Boïko Borisov (2). Les Russes espèrent, cette fois, éviter le fiasco qu’avait été le projet South Stream que Gazprom a annulé en 2014 suite aux pressions que la Commission avait exercé sur la Bulgarie au nom du Troisième paquet énergie (paquet législatif exigeant notamment la transparence des prix et la séparation des activités entre fournisseurs et gestionnaires des infrastructures).
Le regain d’inquiétude russe s’explique par l’accord du 8 février trouvé entre les 28 sur la nouvelle « directive gaz » qui prévoit que les règles européennes s’appliquent aux gazoducs provenant de pays extérieurs à l’Union. Cependant, du côté bulgare on assure que la partie européenne du Turkstream se ferait en respect des règles de l’Union. M. Borisov a fait valoir que son pays avait déjà lancé un appel d’offres (comme l’exige les règles européennes) pour construire une conduite de 484 km de la frontière turque à la Serbie, pour 1,4 milliard d’euros. « Notre décision a été coordonnée avec l’Union européenne », a souligné le Premier ministre bulgare tandis que les promoteurs du projet assurent que le gazoduc sera accessible aux tiers, une disposition du Troisième paquet énergie à laquelle la Commission est particulièrement attentive. Boïko Borisov n’a pu s’empêcher de rappeler le succès du Nord Stream 1 reliant l’Allemagne à la Russie, un succès qui, au moment de l’échec du South Stream, avait été vécu par les Bulgares comme un « deux-poids deux-mesures » des autorités européennes en faveur de la première puissance économique de l’Union (1).
Sofia ambitionne un transit « de 15 à 16 milliards de m3 » de gaz russe par an, un volume qui devrait compenser l’arrêt des actuelles livraisons à la Turquie via l’Ukraine et la Bulgarie.
Perspectives :
- Les prochaines étapes du Turkstream seront conditionnées par le nouveau rôle qu’acquerra la Commission dans les négociations gazières avec des pays tiers suite à l’adoption dans les prochains mois de la nouvelle « directive gaz ».
Sources :
- BAYOU Céline, Turkish Stream : la bataille ne fait que commencer, Diploweb, 09/06/2015.
- Gazoduc TurkStream : le Premier ministre russe veut des « garanties » de l’UE, Connaissance des énergies & AFP, 04/03/2019.
Sami Ramdani