Strasbourg. Le 31 janvier 2019, le Parlement européen a approuvé, avec 439 votes pour, 104 contre et 88 abstentions, une résolution commune reconnaissant la légitimité de l’Assemblée Nationale vénézuélienne, ainsi que l’autorité de Juan Guaidó en tant que président par intérim du pays latino-américain. La majorité des députés ayant contribué à l’adoption de la résolution commune étaient originaires d’Allemagne (14 % du total des votes favorables), de Pologne (8 %), de France, d’Espagne, d’Italie et du Royaume-Uni (7 % chacun). Nulle surprise : les 420 députés de ces six pays représentent, à eux seuls, 56 % du total de sièges au Parlement.

Pourtant, cette résolution, non contraignante, n’a pas abouti à l’adoption d’une position commune des Vingt-huit quant à la légitimité du chef de l’Assemblée et membre du parti Volonté populaire (VP) en tant que Président de la République vénézuélienne. Alors que l’Italie et la Grèce n’ont pas contribué à assurer cette nécessaire unanimité (2), les députés des deux pays n’ont pas été les plus nombreux à rejeter la résolution. Sur les 73 députés italiens (en incluant les absents), 38 % se sont abstenus. Ce sont plutôt les députés français, suédois et irlandais qui ont manifesté de façon plus claire leur scepticisme quant à la résolution : 34 % des premiers, 40 % pour les deuxièmes et 36 % pour les troisièmes se sont exprimés contre l’adoption de celle-ci. De l’autre côté, seulement 15 % des députés allemands ont voté négativement ou se sont abstenus. Les “divergences […] sur des sujets clefs” (1) du couple franco-allemand, soulignées par Almut Moeller et Wiebke Ewering dans leur article publié sur Le Grand Continent, se sont manifestées cette fois-ci au Parlement européen. Pour rappel, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont été parmi les premiers chefs d’États européens à exprimer leur soutien à Juan Guaidó.

L’analyse du vote en fonction des groupes politiques permet de constater des convergences au-delà des positions vis-à-vis de l’Europe. Tous les députés du groupe du Parti populaire européen (PPE) présents au Parlement, ainsi que ceux du groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR), l’un europhile et l’autre eurosceptique, ont voté pour la résolution commune. De même, les deux groupes ayant le plus rejeté ce document ont été le rassemblement Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL) et l’Europe des nations et des libertés (EFDD). Les députés italiens de La Ligue du Nord et du Mouvement 5 étoiles – les premiers faisant partie de l’Europe des Nations et des Libertés (ENF), les deuxièmes de l’Europe de la Liberté et de la Démocratie Direct (EFDD) – ont largement opté pour l’abstention.

Sources :

  1. MOELLER Almut, EWERING Wiebke, Encore le franco-allemand ?, Le Grand Continent, 22 janvier 2019.
  2. QUATREMER Jean, Venezuela : face aux deux présidents, une Europe à double face, Libération. 4 février 2019.

Felipe Bosch