Caracas. Alors que le gouvernement américain a annoncé le 28 janvier dernier de nouvelles sanctions à l’encontre de Nicolas Maduro, le Venezuela, économie particulièrement dépendante de la rente pétrolière, perd le contrôle de ses abondantes ressources. Depuis l’accession au pouvoir d’Hugo Chavez en 1999, la production de pétrole du Venezuela est en effet passée de 3 millions de barils par jour à environ 1,4 millions de barils par jour en mai 2018 (4). La succession de phénomènes économiques violents, comme la chute des prix du pétrole en 2014 et l’hyperinflation, ainsi qu’une gestion très politique de la compagnie publique Petroleos de Venezuela SA (PDVSA) ont considérablement affaibli l’industrie pétrolière vénézuélienne, qui affiche pourtant les réserves les plus importantes au monde (6).

Avant l’annonce des sanctions du Trésor américain fin janvier, près de 400 000 barils transitaient encore quotidiennement du Venezuela vers les raffineries de la Gulf Coast des États-Unis, tandis que quelques 700 000 autres s’acheminaient vers la Chine et la Russie, en partie en guise en remboursement de la dette contractée par l’État vénézuélien (3). Mais depuis l’annonce du gel des comptes de PDVSA, ou plus précisément des comptes de sa filiale aux États-Unis Citgo, le secteur pétrolier atteint un point de non-retour, et avec lui le gouvernement de Nicolas Maduro (1, 5).

Selon plusieurs analystes, priver les marchés de pétrole vénézuélien devrait soutenir les prix à court terme. Cependant, la baisse régulière de la production nationale et de l’exportation de pétrole vers les raffineries américaines ces dernières années a réduit l’importance du Venezuela dans l’équilibre mondial de l’offre et de la demande de pétrole brut. La nature même de ce pétrole, plus lourd et plus soufré que d’autres, comme celui saoudien, rend son raffinage plus coûteux et son attractivité moindre sur les marchés (2).

Perspectives :

  • Une déstabilisation relative de l’équilibre offre-demande sur les marchés pétroliers.
  • L’avenir de PDVSA repose en grande partie sur le maintien au pouvoir de Nicolas Maduro.
  • La reconstruction du secteur pétrolier vénézuélien requerra une importante mobilisation de capitaux, pour renouveler l’infrastructure d’exploration-production en état avancé d’obsolescence, et l’attraction d’une main d’oeuvre hautement qualifiée.

Sources :

  1. FAGES C., Venezuela : un secteur pétrolier malade, RFI, 25/01/2019.
  2. NUSSBAUM A., Oil Surges as U.S. Signals Trade Thaw, Venezuela Buyers Scramble, Bloomberg, 29/01/2019.
  3. PONS C., Exclusive : Venezuela faces heavy bill as grace period lapses on China loans – sources, Reuters, 27/04/2018.
  4. SAEFONG M., What U.S. Sanctions on Venezuela Mean to Oil Prices, Barron’s, 31/01/2019.
  5. SPETALNICK M., Ellsworth B., US imposes sanctions on Venezuelian state oil firm PDVSA, Reuters, 28/01/2019.
  6. Venezuela’s Key Energy Statistics, US Energy Information Administration.

Clémence Pèlegrin