Séville. Une enquête d’El Pais a révélé les liens entre l’OMPI (Organisation des Moudjahidines du peuple) et Vox (3), le parti d’extrême droite espagnol qui a récemment fait une percée aux élections régionales en Andalousie. Fondé en 2013, Vox aurait ainsi perçu en 2014 près d’un million d’euros de la part de la diaspora iranienne liée à l’organe des moudjahidines : le Conseil National de Résistance Iranienne (CNRI). Suite à la défaite électorale (Vox a obtenu 1,56 % des voix aux élections européennes en 2014), les financements iraniens ont depuis cessé mais ont permis à Vox d’acquérir des locaux, de posséder certaines infrastructures qui ont aidé à son développement ces dernières années.
Mais quel intérêt pour le CNRI de participer à certaines campagnes politiques ? C’est dans l’activité de lobbying que ce groupe perçoit son intérêt. Très présents à l’échelle européenne, ses membres ont su convaincre l’Union Européenne (en 2009) ou encore les États-Unis (en 2012) de retirer l’OMPI des organisations terroristes mondiales. C’est après l’intense campagne de lobbying d’Alejo Vidal-Quadras (1) pour retirer l’OMPI de ces listes en 2009, alors qu’il était vice président du parlement européen pour le PPE, que des membres du CNRI ont investi dans sa campagne et son nouveau parti, Vox, en 2014.
Se présentant comme la seule alternative crédible au pouvoir iranien et se déclarant chantre de la démocratie en Iran (5), l’OMPI cherche à renverser le gouvernement en place. Or, déconnecté de la réalité sur le terrain en Iran, l’OMPI est une option complètement décrédibilisée dans le pays, non seulement pour le pouvoir en place, mais surtout pour la population iranienne.
L’espace de résistance de l’OMPI se situe finalement en Europe et aux États-Unis où, à travers un lobbying intense et la propagation d’un discours très négatif sur le régime iranien, ils essayent de renverser l’ordre en Iran depuis l’étranger. Cette déstabilisation relative prend son ancrage depuis l’Union Européenne, à travers parfois des groupes obscurs à Bruxelles comme l’ISJ (International Committee In Search of Justice) (5) qui sur son site revendique le soutien de près de 4000 parlementaires européens et américains. Or comme le soulignait le blog américain Lobelog, en dehors de Vidal-Quadras, il est difficile d’en retrouver un seul autre membre (4).
L’enquête d’El Pais illustre le lobbying de l’OMPI notamment au sein de l’Union et montre que son agenda se résume à vouloir renverser le pouvoir iranien. Partisans de sanctions à l’encontre de l’Iran, ils représentent un lobbying qui vise à influencer la politique iranienne de l’Union Européenne.
Sources :
- GOMEZ François-Xavier, Un parfum persan sur l’extrême droite espagnole, Libération, 22 janvier 2019.
- International Committee in Search of Justice, About Us.
- IRUJO José Maria, Vox se fundó con un millón de euros del exilio iraní, El Pais, 21 janvier 2019.
- MAMEDOV Eldar, Europe’s Extreme Right Is In Bed With MEK, Lobelog, 17 décembre 2019.
- TERZI Giulio, Une alternative crédible au régime au pouvoir en Iran, CNRI, 3 janvier 2019.
Clément Houdart