Oslo. “La Norvège est une grande puissance énergétique et réputée pour son domaine skiable. Ces deux secteurs sont affectés par le changement climatique. Cette Commission est une opportunité de préparer le futur.” Hans Olav Ibrekk, représentant du gouvernement norvégien au sein de la commission qui a rédigé le rapport publié par l’IRENA (l’Agence Internationale pour l’Énergie Renouvelable) donne le ton (3) : pour rester un acteur majeur sur la scène énergétique mondiale, la Norvège compte sur les énergies renouvelables. Dans le rapport des ressources 2018 publié par le Norwegian Petroleum Directorate (NPD) en juin dernier, Torgeir Stordal, directeur de l’exploration, évoquait la difficulté croissante à trouver de nouveaux gisements de gaz et de pétrole exploitables, soulignant déjà la nécessité de se tourner vers d’autres sources pour maintenir une production stable (4). La cartographie du plancher océanique du plateau continental norvégien en vue de recenser les minéraux qui s’y trouvent a ainsi commencé dès cet été – l’objectif étant par exemple d’inventorier la présence de métaux et minéraux exploitables pour les batteries (5).

Rédigé par une commission spéciale présidée par Ólafur Ragnar Grímsson, ancien président de l’Islande, le rapport présente par ailleurs une très intéressante série de cartes et de schémas qui analysent le potentiel repositionnement des puissances énergétiques. Celles-ci montrent, sans surprise, que l’Europe pourrait bénéficier de cette transition, en gagnant en indépendance. Surtout, le rapport s’intéresse à la potentielle vulnérabilité des États actuellement exportateurs d’énergies fossiles et la Norvège se place très clairement dans la catégorie des États à forte résilience, à l’inverse de pays n’ayant pas entamé un processus de diversification de leur économie. Pour autant, le pays n’a pas renoncé à l’exploitation pétrolière offshore, un domaine qui reste stratégique, avec une demande croissante de permis d’exploration en 2018, et la tendance devrait se maintenir en 2019 (1).

Entre énergies fossiles et développement des énergies renouvelables, les ressources sous-marines de la Norvège n’ont pas fini de faire parler d’elles, et son potentiel sous-marin pourrait ainsi être mis à contribution dans le cadre de la nouvelle politique norvégienne de stockage du carbone. Le 11 janvier 2019, Equinor a ainsi reçu un permis d’exploitation pour le stockage de CO2 dans le plateau continental du pays. Il s’agit d’une première étape d’importance dans le cadre de cette politique de stockage du carbone prévue pour 2020-2022. De quoi continuer à nourrir ce que les média décrivent parfois comme le “paradoxe norvégien”, évoquant une politique énergétique qui mise sur l’exploitation d’énergies fossiles, tout en cherchant à atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Sources

  1. Gouvernement norvégien, High Interest in Exploration for Oil and Gas on the Norwegian Continental Shelf – APA 2018, 7 septembre 2018.
  2. Gouvernement norvégien, Exploitation permit for CO2 storage on the Norwegian Continental Shelf, 11 janvier 2019.
  3. IRENA, A new world : the geopolitics of energy transformation, 11 janvier 2019.
  4. Norwegian Petroleum Directorate, Resource Report Exploration 2018, juin 2018.
  5. Norwegian Petroleum Directorate, Norwegian Petroleum Directorate maps deep sea mineral deposits, 9 aout 2018.

Pauline Pic