Londres. Demain le Parlement de Westminster votera sur l’accord de retrait du Royaume-Uni signé à Bruxelles le 25 novembre dernier. Tout le monde pense qu’une majorité de députés vont voter contre l’accord. Theresa May a prévenu que la Grande-Bretagne entrerait alors dans un “territoire inexploré”. Les travaillistes et une partie des Conservateurs ont déclaré vouloir s’opposer à l’accord tel qu’il se présente. Le leader du parti travailliste, Jeremy Corbyn, a continué d’ignorer la demande des membres de son parti de soutenir un second référendum. Il s’est, en revanche, prononcé en faveur d’élections législatives anticipées, si l’accord devait passer à Westminster et le gouvernement de Theresa May perdre le soutien du parti unioniste nord-irlandais, indispensable à sa majorité parlementaire (2).

Le débat sur un second référendum a atteint son point culminant. Au point que Roy Hattersley, 86 ans, ex Ministre sous les gouvernements d’Harold Wilson et de Jim Callaghan, s’est adressé aux jeunes générations. En effet, ce choix ne leur correspond pas car les jeunes Britanniques se sont majoritairement prononcés en faveur du Remain. Selon une étude sur le référendum du Brexit menée en 2016 par la Loughborough University, 73 % des jeunes âgés entre 18 et 24 ans auraient voté pour que le pays reste au sein de l’Union (3).

Le Ministre des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, a déclaré qu’il existe une réelle possibilité de « paralysie du Brexit » si ce vote s’avère négatif. Paralysie car la Grande-Bretagne se retrouverait juridiquement débordée par la masse de textes législatifs qui sont à adopter d’ici le 29 mars. Selon le quotidien London Evening Standard, plusieurs ministres seraient favorables à demander de décaler la date butoir prévue par l’activation de l’art. 50 (5).

Entre temps, le risque est réel d’une montée des forces d’extrême droite, comme le souligne Chris Grayling, Ministre des transports, qui a affirmé que, si le Brexit est bloqué, les Britanniques « assisteront à l’émergence d’un ton différent en politique. Une société moins tolérante et un pays plus nationaliste » (4). Depuis quatre mois, Nigel Farage rallie les troupes du « Leave means Leave » pour des rassemblements dans tout le pays. Six ont été annoncés par les organisateurs qui promettent qu’il ne s’agit que du début (1).

Selon The Economist, si Westminster vote contre l’accord, tout laisse prévoir qu’un « no deal » sera inévitable (6). Le cas échéant, une motion de défiance contre Theresa May semble probable.

Perspectives :

  • Mardi 15 janvier : vote à Westminster sur l’accord de retrait.

Sources :

  1. HATTENSTONE Simon, ‘We’re reactivating the people’s army’ : inside the battle for a hard Brexit, The Guardian, 12 janvier 2019.
  2. HARKER Joseph, I’m a remainer. So why do I feel more and more sympathy for leave voters ?, The Guardian, 12 janvier 2019.
  3. HENN Matt, Young people in a changing Europe : British youth and Brexit 2016, EU Referendum Analysis 2016.
  4. MA Alexandra, Chris Grayling says blocking Brexit could encourage the UK’s far-right, Business Insider France, 12 janvier 2019.
  5. MURPHY Joe, CECIL Nicolas, Delay to Brexit on way, Cabinet ministers reveal, Evening Standard, 11 janvier 2019.
  6. Can no deal be stopped ?, The Economist, 10 janvier 2019.

Vera Marchand