Londres. Suite à sa décision de reporter le vote en janvier, Theresa May a survécu à une motion de défiance du parti Conservateur, à l’initiative de l’aile favorable à un hard Brexit, qu’elle a remporté avec une majorité de 200 voix contre 117. Maigre consolation au point que la Première Ministre a clairement affirmé qu’elle abandonnera le poste avant la prochaine élection, qui aura lieu en 2022.

En effet, le vote sur l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union, initialement prévu pour le 11 décembre, n’a pas eu lieu. Theresa May a décidé de le reporter, suite aux évènements rocambolesques de Westminster, qui ont vu plusieurs amendements être rejetés et le gouvernement être accusé d’outrage au Parlement, faute désignant tout acte qui peut empêcher ou entraver le travail parlementaire. Dominic Grieve, député conservateur, ancien Procureur général sous David Cameron, est parvenu à faire passer un amendement, à 321 votes contre 299, suite à la rébellion d’une partie des députés conservateurs, qui prévoit de laisser aux MPs de Westminster un dernier mot sur les plans proposés, une fois l’accord refusé. Un effort pour assurer que le Parlement puisse prendre en main l’accord dans les jours suivants le rejet, donné comme inéluctable1 .

Un sommet européen vendredi a été l’occasion d’affronter l’insurmontable impasse du Brexit. Bien que les dirigeants européens aient déclaré qu’ils ne rouvriront pas les négociations, Theresa May juge encore possible “l’obtention de clarifications supplémentaires”, notamment sur la question du caractère temporaire du backstop2 . La Première Ministre a eu un échange glacial avec le Président de la Commission Jean-Claude Juncker sur l’absence de position claire de la part de Westminster. Le Président du Conseil Donald Tusk s’est, quant à lui, montré plus solidaire. Quoi qu’il en soit, l’Union n’est pas prête de faire marche arrière. Selon le Guardian, c’est comme toujours la question du “backstop”, contenue dans l’accord, qui empêche Theresa May de trouver un consensus auprès des députés britanniques3 .

Toutes les hypothèses restent ouvertes : accord, pas d’accord ou pas de Brexit – car selon la Cour de Justice Européenne, saisie à l’initiative de députés écossais favorables à un second référendum et demandant un éclaircissement sur le fonctionnement de l’art. 50,  le pays aurait le droit de renoncer à sortir de l’Union européenne sans demander l’avis des autres pays membres. Le Labour pourrait, quant à lui, apprendre de l’erreur de la campagne de 2016 en demandant explicitement un second référendum, tout en continuant sa lutte, suivant la ligne officielle du parti, pour la tenue de nouvelles élections4 . Theresa May, qui sort renforcée du dernier épisode de défiance, aura beaucoup de mal en janvier à obtenir la ratification de l’accord tel qu’il se présente, auquel plus d’un tiers des députés est hostile.

Royaume-Uni dans l’impasse, France dans la rue, Italie dirigée par une alliance imprévue, Allemagne face à l’inconnu de l’après-Merkel, la difficile équation du Brexit éveille un questionnement sur les choix populistes à l’épreuve de la réalité politique.

Perspectives :

  • 20 décembre : La Chambre des Communes est levée pour les vacances de Noël.
  • 7 janvier : Retour de la Chambre des Communes.
  • 21 janvier : Date limite pour le gouvernement qui doit publier une déclaration écrite sous cinq jours répondant à la question de comment il entend procéder. C’est la date à laquelle Theresa May s’est engagé pour faire voter l’accord à Westminster.
  • 26 janvier : Date limite pour une déclaration sur un plan d’urgence en cas de non-accord.

Sources :

  1. BOFFEY Daniel, RANKIN Jennifer, SABBAGH Dan, Tusk accuses MPs of showing lack of respect for Theresa May, The Guardian, 14 décembre 2018.
  2. ERLANGER Steven, CASTLE Stephen, Theresa May Finds No Joy in Brussels. Now What for Brexit ?, The New York Times, 14 décembre 2018.
  3. Has the House of Commons taken control of Brexit ?, Financial Times, 5 décembre.
  4. JONES Owen, Labour must fight for an election – but prepare for a referendum, The Guardian, 14 décembre 2018.

Vera Marchand

Sources
  1. Has the House of Commons taken control of Brexit ?, Financial Times, 5 décembre.
  2. ERLANGER Steven, CASTLE Stephen, Theresa May Finds No Joy in Brussels. Now What for Brexit ?, The New York Times, 14 décembre 2018.
  3. BOFFEY Daniel, RANKIN Jennifer, SABBAGH Dan, Tusk accuses MPs of showing lack of respect for Theresa May, The Guardian, 14 décembre 2018.
  4. JONES Owen, Labour must fight for an election – but prepare for a referendum, The Guardian, 14 décembre 2018.