Stockholm. Le Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière proposée par les Nations-Unies a été approuvé le lundi 10 décembre à Marrakech par la majorité des États membres. Il devrait être adopté sous forme de résolution par l’Assemblée générale des Nations-Unies à New-York le 19 décembre. Ce document prévoit notamment la lutte contre le trafic d’êtres humains, la protection des migrants, leur intégration dans de nouveaux pays et la facilitation de leur retour1 . En termes juridiques, le cadre n’est pas contraignant et chaque État conserve sa souveraineté sur la politique migratoire. Le gouvernement suédois a mis en ligne sur son site internet des éléments sur ce pacte, insistant notamment sur le fait que le pacte n’entraînera ni un changement de la législation migratoire suédoise, ni une hausse des coûts de la politique migratoire2 . Le directeur du Bureau des migrations et de l’asile au ministère de la Justice Henry Mårtensson s’est lui aussi exprimé sur le sujet, en insistant bien sur le caractère non contraignant du document3 .

Le gouvernement réagit ainsi aux diverses réactions sur les réseaux sociaux suédois, qui évoquent notamment le pacte de Marrakech comme une législation contraignante, imposant à la Suède d’ouvrir ses frontières. Certains internautes ce sont aussi émus qu’aucun « rapport négatif sur l’immigration ne sera autorisé », alors que le pacte prévoit principalement la lutte contre les médias xénophobes. Mais surtout, plusieurs éditorialistes suédois se sont opposés publiquement au pacte. Jenny Sonesson, du Göteborgs-Posten, Per Gudmundson du Svenska Dagbladet, et Caroline Dahlman de Kristiandsbladet critiquent ainsi le texte auquel ils reprochent son caractère trop vague, laissant une trop grande marge d’interprétation4 . Le président de l’association des journalistes, Jonas Nordling, s’est quant à lui montré sceptique face à la lutte contre la xénophobie dans les médias, et craint notamment une remise en cause de la liberté de la presse. Mais les critiques sont surtout venues des rangs de l’extrême-droite. Paula Bieler, porte-parole des Démocrates de Suède sur les questions d’immigration, a notamment déclaré que le parti était « fermement opposé à cette signature ». Plusieurs mouvements opposés à l’immigration ont d’ailleurs manifesté le 5 décembre dernier à Mynttorget, à Stockholm. Rappelons que le gouvernement social-démocrate suédois a durci ses dispositifs d’asile en mai 2018, sous la pression des Démocrates de Suède5 .

Sources :

  1. DAHLMAN Carolin, Säg nej till FN:s globala migrationsavtal, Kristianstadsbladet, 11 décembre 2018.
  2. DELAPORTE Audrey, Comment la Suède a durci sa politique d’asile, Le Monde, 28 mai 2018.
  3. LARSSON Asa, WIKEN Johan, Rykten och desinformation sprids om FN:s migrationsramverk, Metro, 9 décembre 2018.
  4. Regeringskansliet, Ett globalt ramverk för säker, ordnad och reguljär migration, 22 novembre 2018.
  5. RYDBERG Nike, FN-länder har godkänt avtalet om migration, Expressen, 10 décembre 2018.

Thomas Gauchet

Sources
  1. RYDBERG Nike, FN-länder har godkänt avtalet om migration, Expressen, 10 décembre 2018.
  2. Regeringskansliet, Ett globalt ramverk för säker, ordnad och reguljär migration, 22 novembre 2018.
  3. LARSSON Asa, WIKEN Johan, Rykten och desinformation sprids om FN:s migrationsramverk, Metro, 9 décembre 2018.
  4. DAHLMAN Carolin, Säg nej till FN:s globala migrationsavtal, Kristianstadsbladet, 11 décembre 2018.
  5. DELAPORTE Audrey, Comment la Suède a durci sa politique d’asile, Le Monde, 28 mai 2018.