En bref – Alors que dans moins d’une semaine s’ouvrira la COP24 en Pologne, où les objectifs internationaux en matière de lutte contre le réchauffement climatique seront débattus et probablement rehaussés, le gouvernement bulgare a mis son veto à une augmentation de ses engagements en la matière, défendant son industrie du charbon dont elle dépend encore largement.

Sofia. Quelques jours avant l’ouverture de la COP24 à Katowice, en Pologne, le président bulgare Roumen Radev a annoncé qu’il s’opposerait à toute hausse des engagements de son pays pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Alors que depuis une dizaine de jours, des manifestations populaires s’organisent contre la hausse des prix du carburant en Bulgarie, le président Roumen Radev a annoncé qu’il refuserait de revoir à la hausse les engagements relatifs à la limitation des gaz à effet de serre. Cette révision des objectifs internationaux est pourtant fortement encouragée par l’Accord de Paris signé en 2015, qui en l’état actuel ne permet pas d’atteindre la limite des 2°C supplémentaires en 2050 par rapport à l’ère pré-industrielle.

La Bulgarie demeure aujourd’hui largement dépendante du charbon, qui compte pour plus de 45 pour cent de sa production d’électricité (2). Plus d’un millier de mineurs soutenus par les syndicats ont manifesté à Sofia cette semaine contre la menace qui pèse sur leurs emplois et le secteur. La hausse des prix des « permis » CO2 délivrés dans le cadre du marché européen a déjà fortement endommagé la santé financière de quelques-unes des centrales les plus importantes de Bulgarie, à l’instar de Maritsa East 2, au sud-est du pays (3).

« La Bulgarie ne peut pas se permettre de perdre en compétitivité dans son secteur énergétique, et œuvrera à défendre les droits sociaux des travailleurs du secteur », a affirmé Radev en amont de son déplacement à Katowice (4).

La question des accords internationaux en faveur du climat est d’autant plus pressante pour les pays historiquement dépendants du charbon, comme la Pologne et la Bulgarie, ainsi que les pays dont la croissance économique récente a été appuyée, si ce n’est facilitée, par la construction de centrales à charbon polluantes mais rentables. Entre autres États, l’Inde générait 75 pour cent de son électricité à partir de charbon en 2015, la Chine 70 pour cent, le Cambodge 48 pour cent et les Philippines 44 pour cent (1).

Perspectives :

  • COP24 à Katowice (Pologne), du 4 au 13 décembre 2018.

Sources :

  1. Banque Mondiale, Electricity production from coal sources ( % of total).
  2. Attachée au charbon, la Bulgarie s’oppose aux ambitions climatiques accrues, Connaissance des Énergies, 29 novembre 2018.
  3. La hausse prometteuse du prix du carbone en Europe, Les Échos, 21 août 2018.
  4. Bulgarian miners march to protect coal production, Reuters, 29 novembre 2018.

Clémence Pèlegrin