En Bref – Les élections de mi-mandat américaines du 6 novembre n’ont pas vu la vague bleue attendue. En effet, les démocrates ont regagné la Chambre après huit ans, mais n’ont pas aussi bien réussi au Sénat, où les républicains ont renforcé leur majorité. Les deux partis – et leurs dirigeants, à commencer par Donald Trump – ont proclamé la victoire ; le résultat est en demi-teinte pour les deux.

Washington. Le 6 novembre, les élections de mi-mandat tant attendues aux États-Unis ont eu lieu, au cours desquelles la Chambre des représentants, un tiers du Sénat, 39 gouverneurs (36 États et trois territoires) et les législatures et autorités des différents États ont été renouvelés. En outre, un certain nombre de référendums ont été mis aux voix.

L’importance de ces élections se voit déjà dans le taux de participation : par rapport aux élections de mi-mandat précédentes, cette fois-ci environ trente millions d’Américains supplémentaires se sont rendus dans les bureaux de vote. Les démocrates espéraient une vague bleue qui mènerait à la reconquête de la Chambre et du Sénat. Cependant, malgré le fait que le Parti démocrate a obtenu environ quatre millions et demi de voix de plus que le Parti républicain, la performance a été inférieure aux attentes. La Chambre a été regagnée, mais le gain en termes de sièges ne dépassera guère la trentaine. Pour faire une comparaison, Obama a perdu 63 sièges à ses premières élections de mi-mandat (2010). Au Sénat, le Grand Old Party s’est emparé du Dakota du Nord, de l’Indiana et du Missouri et semble sur le point de gagner la Floride (en phase de recomptage), où les sondages avaient annoncé la victoire des démocrates dans la course au Sénat et l’élection du gouverneur (qui sera aussi probablement perdu). En outre, de nombreuses étoiles montantes, comme Beto O’Rourke au Texas, n’ont pas surpassé leurs rivaux républicains, malgré les sommes investies dans la course par les démocrates (environ 300 millions de plus que le Grand Old Party au niveau national).

Malgré le fait qu’au cours des quatre-vingt-dix dernières années, le parti du président en exercice n’a obtenu que deux fois plus de sièges à la fois à l’Assemblée et au Sénat – et, en fait, la norme est l’inverse -, même dans la maison républicaine, on ne peut être entièrement satisfait. Le renforcement du Sénat – également dû aux nombreux rassemblements que le président Trump a organisés au cours des dernières semaines de campagne – ne suffit pas à annuler la défaite à la Chambre, d’autant plus que les démocrates auront ainsi l’occasion de limiter la capacité d’action de la Maison-Blanche. De plus, le déplacement vers la gauche des États-Unis par rapport aux élections de 2016 était d’environ dix points (2) : pas une vague bleue mais certainement un indicateur à garder à l’esprit, surtout si combiné à la répartition des voix, qui voit le Parti Républicain nettement en retard dans la course aux voix des jeunes, des femmes non blanches et des minorités (3). Dans le même temps, le président s’est toutefois révélé être beaucoup plus un atout qu’un handicap (4). Le parti républicain est de plus en plus le parti de Donald Trump, qui, malgré ses pertes, a réussi à amener au Congrès de nombreux représentants qui lui sont fidèles.

Perspectives :

  • Les deux prochaines années verront une campagne électorale constante : le Président exploitera probablement l’obstructionnisme des démocrates à la Chambre comme un argument électorale. En même temps, pour adopter des réformes au Congrès, ainsi que, par exemple, pour approuver le budget de l’État, il sera nécessaire de parvenir à un accord avec la Chambre démocrate : ce qui n’est pas une tâche facile étant donné la polarisation extrême qui règne actuellement.
  • Beaucoup en Europe avaient espéré un renversement plus net de la tendance étant donné la difficulté de travailler avec Donald Trump. Ce n’était pas le cas. Cependant, malgré le fait que la Constitution américaine donne au président de larges pouvoirs sur les questions de politique étrangère, le Congrès dispose de divers moyens pour faire entendre sa voix. La Chambre démocrate pourrait donc rendre plus difficile la mise en œuvre de la stratégie d’America First trumpienne, le poussant à se rapprocher des positions européennes.
  • Ces élections de mi-mandat sont également une indication claire pour les élections présidentielles de 2020. Après deux ans au gouvernement, Trump n’a pas perdu ses soutiens, comme on pouvait peut-être s’y attendre ; il pourrait réussir à gagner à nouveau la présidence lors des prochaines élections, surtout si l’économie continue à tourner avec un taux avec un chômage au minimum et une très forte croissance (1). Le match, comme en 2016, semble se jouer principalement dans les États du Midwest, en Pennsylvanie et en Floride : Trump devra viser sa réélection dans ces États .
Sources :

  1. FREEMAN James, Americans Aren’t Just Happy about the Economy, The Wall Street Journal, 5 novembre, 2018.
  2. ROGERS Ed, Democrats won the House, but Trump won the election, The Washington Post, 7 novembre, 2018.
  3. TYSON Alec, The 2018 midterm vote : Divisions by race, gender, education, Pew Research Center, 8 novembre, 2018.
  4. WATKINS Derek,  LAI K.K. Rebecca, BUCHANAN Larry and YOURISH Karen, Sizing Up the 2018 Blue Wave, The New York Times, 7 novembre, 2018.
Simone Zuccarelli