Londres. Le Brexit ne minera pas les relations entre le Royaume-Uni et la France, a déclaré Jeremy Hunt lors d’une allocution à l’Ambassade britannique de Paris jeudi dernier. « Nous ne voyons aucune contradiction à vouloir continuer à travailler ensemble, même si la relation institutionnelle entre les deux pays devait changer » (1). La visite de M. Hunt, quelques jours avant la célébration du centenaire de l’Armistice, vise à exprimer que l’amitié entre les deux pays va au-delà du Brexit.
Tous deux membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, tous deux dotés de l’arme nucléaire, deuxièmes et troisièmes économies européennes derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France partagent des approches similaires. La coopération de défense est l’élément le plus structurant de la relation bilatérale entre les deux pays. À eux deux, les budgets de défense français et britannique représentent près de la moitié des dépenses militaires en Europe. Suite aux accords de Lancaster House, les dissuasions nucléaires françaises et britanniques sont liées, notamment en matière de recherche et de développement (4). Dans une tribune commune publiée sur The Guardian, Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre français et George Robertson, ancien Secrétaire général de l’OTAN, rappellent la nécessité de cultiver la relation entre les deux pays en matière de défense, dans l’intérêt de la sécurité européenne, malgré le Brexit (5). Un groupe de travail franco-britannique, présidé par Cazeneuve et Robertson, réuni par l’Institut Montaigne et le Policy Institute du King’s College de Londres vient de publier un rapport qui a vocation à donner une nouvelle dynamique à la coopération entre les deux pays (2).
Dans un contexte global où la montée du néonationalisme risque de profondément miner les relations bilatérales, si l’on regarde aux tensions entre la France et l’Italie, suite à l’élection d’un gouvernement à composante néo-nationaliste, une déclaration d’amitié, en dépit d’un choix profondément isolationniste, est en tout cas bienvenue.
Entre temps, Theresa May reste à la recherche d’un accord de son cabinet sur les termes de l’accord final (3). Elle est accusée par le parti Unioniste nord-irlandais – qui menace de lui voter contre – d’avoir enfreint sa promesse sur la frontière. Selon le Financial Times, si plus de 20 députés conservateurs devaient s’y opposer, l’accord du Brexit pourrait tomber à l’eau.
Perspectives :
- Selon Bloomberg, la nouvelle date pour un sommet spécial pourrait être repoussée au 25 novembre.
Sources :
- AGNEW Harriet, Brexit will not undermine Anglo-French relations, says Jeremy Hunt, Financial Times, 9 novembre 2018.
- Partenariat franco-britannique de défense et de sécurité : améliorer notre coopération, Institut Montaigne, novembre 2018.
- PACKER George, BLITZ James, BARKER Alex, Theresa May to cajole ministers to get behind Brexit deal, Financial Times, 8 novembre 2018.
- PERTUSOT Vivien, France-Royaume-Uni : des « ennemis » inséparables ?, IFRI, 30 janvier 2018.
- ROBERSTON George, CAZENEUVE Bernard, The UK-France alliance is crucial to Europe’s security. Brexit must not threaten it, The Guardian, 8 novembre 2018.
Vera Marchand