Londres. Cuadrilla, une compagnie britannique privée d’exploration et de production d’hydrocarbures, a annoncé le 2 novembre dernier que du gaz de schiste avait commencé à être extrait à Preston New Road, sur un de ses sites situé dans le Lancashire (4). La compagnie a été autorisée par le gouvernement le 19 septembre dernier à forer un deuxième puits horizontal par fracturation hydraulique.

Le Brexit et les négociations difficiles qui y sont liées créent un cadre politique favorable aux investissements et à la recherche dans le secteur des hydrocarbures non-conventionnels, en tant que potentiel marqueur de l’indépendance énergétique du pays. Le pays importe en effet 46 pour cent de son gaz consommé et 41 pour cent de son électricité est produite à partir de gaz (5).

Après 25 années à être exportateur net d’énergie primaire, le Royaume-Uni est devenu importateur net en 2004, et cette situation n’a pas changé depuis. Cela est notamment dû à l’épuisement progressif des ressources en hydrocarbures (prouvées et probables) de ses champs en mer du Nord : de 17 milliards barils équivalent pétrole (md boe) en 1997, le pays est passé à 5,4 md boe en 2017 (1). Le gaz de schiste pourrait être une alternative pour inverser cette tendance. Actuellement doté d’environ 281 milliards de mètres cube (bcm), le Royaume-Uni – bien que n’ayant pas encore de statistique officielle – pourrait être doté de 150 à 740 bcm de gaz non-conventionnel (chiffre du British Geological Survey et de l’US Energy Information Administration respectivement) (2).

Du côté de l’électricité, le pays a importé en 2017 4,2 pour cent de sa consommation, la France représentant de la moitié de ces volumes. Quatre interconnections sont actuellement en place, tandis que douze autres sont envisagées ou en construction (3). Les négociations sur le Brexit n’ont pas encore clarifié l’avenir de ces projets. Un retrait du marché intégré de l’électricité viendrait affaiblir le développement des énergies renouvelables en réduisant la capacité du marché britannique à s’approvisionner à l’étranger pour compenser l’intermittence de ses sources renouvelables ; il pourrait en outre lancer un signal pour maintenir et/ou investir dans des sources plus pilotables, comme les centrales à gaz, étant donné que le pays pourrait disposer d’importantes ressources en hydrocarbures non-conventionnels.

Perspectives :

  • Suivi du développement de l’exploration et production des hydrocarbures non-conventionnels au Royaume-Uni, avec une attention particulière sur l’estimation des stocks et la viabilité économique de leur exploitation.
  • Quel avenir pour les conservateurs au pouvoir, plutôt favorables à cette source d’énergie, tandis que les travaillistes y sont opposé) ?
  • Suivi des négociations du Brexit à propos de l’avenir du Royaume-Uni dans le marché européen intégré de l’électricité.

Sources :

  1. Houses of Parliament – Parliamentary Office of Science and Technology, UK Shale Gas Potential, juillet 2013.
  2. Oil & Gas Authority, UK Oil & Gas Reserves and Resources at end 2017.
  3. Our friends electric : interconnection and Brexit, Financial Times, 15 janvier 2018.
  4. Britain’s Cuadrilla produces first shale gas at English fracking site, Reuters, 2 novembre 2018.
  5. UK Government National Statistics, 2018 Digest of UK Energy Statistics : electricity and gas.

Joshua Slawski