En bref – Le 25 octobre s’est tenue la deuxième Conférence ministérielle Italie-Afrique, rendez-vous désormais incontournable pour la diplomatie italienne, qui souhaite définir une politique africaine renouvelée avec des pierres angulaires dans la gestion des flux migratoires, mais aussi dans la définition de nouvelles politiques énergétiques et des opportunités dans la coopération au développement. Cet événement précède le sommet crucial de Palerme, prévu les 12 et 13 novembre, qui examinera la situation en Libye.

Rome. La deuxième édition de la Conférence ministérielle Italie-Afrique s’est tenue le 25 octobre. Cette rencontre, à laquelle ont participé les dirigeants de la diplomatie italienne et africaine (ambassadeurs et ministres des affaires étrangères de 54 pays africains), sera complétée en novembre par une autre conférence cruciale : la Conférence de Palerme sur la Libye, prévue les 12 et 13 novembre (1). Ces deux rendez-vous sont fondamentaux pour la capacité de l’Italie à définir une politique africaine renouvelée. Le point central reste le contraste entre la perception du gouvernement italien, qui ne voit les questions africaines que comme un reflet des flux migratoires, et celle de l’appareil, qui conçoit la centralité des questions continentales dans son ensemble. La nouvelle approche italienne du continent repose sur deux points : la politique énergétique et la coopération au développement (1).

Malgré les problèmes liés à la politique intérieure, l’Italie tente de redéfinir une politique étrangère active. Les services et appareils de renseignement ont toujours considéré le continent comme central pour la diplomatie italienne, de plus en plus influencée par les situations de fragilité de l’État dans le voisinage élargi. Le Premier ministre Giuseppe Conte a démontré sa proximité symbolique avec la Corne de l’Afrique, où il a été le premier chef d’État et de gouvernement occidental à s’attaquer au processus de paix éthiopien-érythréen. Les ministres des affaires étrangères participants ont mené des interventions fondées sur les processus de paix et de stabilisation. D’autres points ont été abordés : développement durable, protection des droits de l’homme et missions multilatérales de maintien de la paix (1). De fait, la conférence a conduit à une l’énonciation d’objectifs communs, au nom de l’idée que les destins de l’Europe et de l’Afrique sont communs. Cet événement, bien que symboliquement important, a éclipsé les piliers de la politique africaine de l’Italie : la coopération au développement et les politiques énergétiques.

La réduction des effectifs de l’Italie, devenue une puissance régionale moyenne, a fait ressortir la nécessité d’une nouvelle politique dans les différents contextes dans lesquels l’Italie est active. L’idée de la politique étrangère italienne a toujours été centrée sur le renforcement du multilatéralisme (Union, Otan, Onu). La limite centrale de la politique africaine, surtout ces dernières années, tend à rester le point de vue d’urgence, lié aux questions migratoires, sans considérer la stabilité de l’État sur le continent. De plus, Rome a abandonné la plupart de ses ambitions africaines, n’exploitant pas suffisamment les ressources européennes et s’en remettant à des acteurs non étatiques, tels que les entreprises privées et les Ong, ce qui a poussé beaucoup à parler de “diplomatie italienne” en Afrique (3) : par exemple, les politiques énergétiques restent du ressort exclusif de l’Eni et des autres entreprises italiennes, sans suivre les instructions claires du Gouvernement italien (3).

La conférence de Palerme sur la Libye s’inscrit dans ce contexte et est le premier grand événement pour tester la cohérence de la diplomatie italienne (2). Dans l’espoir que le sommet changera radicalement l’échiquier libyen, l’événement de deux jours à Palerme a été possible grâce à la médiation de la vice-ministre italienne des Affaires étrangères, Emanuela Del Re, qui s’est rendue dans les principaux centres de pouvoir libyens (Tripoli, Tobruk, Benghazi, Misurata, Sabha) pour convaincre les différents acteurs de participer à cet événement (2). Les questions centrales sont liées à la présence d’acteurs libyens essentiels (dont Khalifa Haftar, ainsi que les commandants des milices Misurata et Toubou dans le sud) et d’autres acteurs régionaux, tels que l’Égypte et la France, principaux partisans de la Chambre des représentants de Cyrénaïque, le Tchad, dont les régions sud du Fezzan et des Cyrénaïques servent de cadre stratégique, ainsi que les autres partenaires européens (surtout l’Allemagne) et l’Union africaine. La conférence suivra trois concepts clés : l’édification de l’État, le processus électoral et le désarmement. Toutefois, tout jugement sur son efficacité devrait être reporté au 13 novembre (2).

Perspectives :

  • Décembre 2018 : une autre rencontre importante pour comprendre la capacité de la diplomatie italienne à définir une politique africaine renouvelée est la Conférence de Marrakech qui a le bout de travailler sur un “global compact” pour la gestion des crises migratoires. La position de l’Italie devra répondre aux besoins des États de transit et d’origine, ainsi qu’à ceux de ses autres partenaires européens (Allemagne, France, Espagne) qui, ces dernières années, ont vu l’arrivée de réfugiés et de migrants économiques sur leur territoire augmenter considérablement.
  • Ces derniers temps, l’Italie a lancé une coopération fructueuse, notamment dans le domaine militaire, avec certains acteurs en Afrique australe. Parmi ceux-ci, se distingue l’Angola : la récente visite à Luanda du ministre italien des Affaires étrangères, Enzo Moavero Milanesi, a rappelé que cette région du continent, déjà centrale jusqu’aux années 80, devrait enregistrer un flux important d’investissements italiens au cours des trois prochaines années.
Sources :

  1. Farnesina-MAECI, Alla Farnesina la seconda “Conferenza Ministreriale Italia-Africa”, 25 octobre 2018.
  2. Libia : Haftar conferma la sua presenza alla Conferenza di Palermo, La Repubblica, 29 octobre 2018.
  3. RAFFAELLI Mario, La triste fine del metodo italiano e qualche idea per ravvivarlo, Limes- Rivista italiana di Geopolitica, novembre 2017.
Alessandro Rosa