Téhéran. Après des derniers mois difficiles d’un point de vue diplomatique et commercial, avec le retrait des États-Unis du JCPOA et des menaces américaines à l’encontre d’entreprises européennes qui continueraient de commercer avec la République islamique, cette dernière souhaiterait désormais se rapprocher de ses voisins d’Asie centrale par le biais de l’ECO. Fondée en 1985, l’Economic Cooperation Organization regroupe plusieurs pays cherchant à promouvoir une collaboration économique, technique et culturelle (1).

Faisant partie des principaux exportateurs d’électricité de la région, l’Iran souhaiterait mettre en place un marché régional. Téhéran compte d’ores et déjà parmi ses clients l’Afghanistan, l’Azerbaïdjan, l’Arménie, l’Iraq, le Nakhchivan, le Pakistan, le Turkménistan et la Turquie.

Le ministre iranien de l’Énergie, Reza Ardakanian, a indiqué que l’Iran avait la capacité d’exporter 2000 mégawatts d’électricité vers l’étranger, avant d’ajouter que “dans un premier temps, nous souhaitons augmenter les possibilités d’échanges d’énergie avec la République d’Azerbaïdjan […] et nous espérons fournir des installations techniques dans les meilleurs délais” (2).

Parallèlement, l’Iran aurait accordé à l’Ouzbékistan le droit d’être relié, par chemin de fer, au port de Chabahar, le hub stratégique reliant l’État iranien à l’Océan Indien. Le vice-président du Conseil d’administration des chemins de fer ouzbeks a salué ce projet qui permettra de connecter les membres enclavés de la CEI aux eaux internationales (3).

Cette mise en place de nouveaux marchés en Asie centrale est accélérée par le départ, ces derniers mois, d’entreprises occidentales quittant l’Iran afin d’éviter les sanctions américaines. À ce propos, parti en juin dernier, le groupe automobile Renault vient tout juste d’annoncer une diminution de 8,4 pour cent du revenu de ses ventes sur le troisième quart de l’année. Le  retrait d’Iran n’est pas la seule explication (la dévaluation de monnaies d’économies émergentes a également joué un rôle), mais, sur la période janvier-juin 2018, près de 96 000 véhicules Renault ont été vendus en Iran, faisant de lui le neuvième plus grand marché du constructeur français (4).

Perspectives :

  • Ce rapprochement vers l’est a reçu un léger “coup dur” ces derniers jours avec l’annonce de la Banque de Kunlun, possédée par l’État chinois, de ne plus accepter d’argent iranien à compter du 1er novembre. Cette banque permettait aux entreprises chinoises de venir s’implanter en Iran ou de commercer avec la République islamique.

Sources :

  1. À l’origine, composée de l’Iran, du Pakistan et de la Turquie, l’ECO s’est agrandie dans les années 1990 en accueillant en son sein l’Afghanistan, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan.
  2. Official : Iran’s Proposal to Form Regional Electricity Market Welcomed by ECO, Fars News Agency, 24 octobre 2018.
  3. Connecting to Chabahar Port via railroad ‘significant for Uzbekistan’, Mehr News Agency, 24 octobre 2018.
  4. French Automakers Suffer As They Lose Iran Market, Radio Farda, 24 octobre 2018.

Maxime Onfray