Moscou. Anatoly Yanovsky, vice-ministre de l’énergie de Russie en charge des relations internationales, a récemment déclaré dans une interview à l’agence publique de presse russe TASS que Moscou était prête à relancer le dialogue énergétique avec l’Union (4). Il a ajouté : ‟Bien sûr, nous attendons des propositions, des dates. Nous sommes prêts à (les) considérer. Mais jusqu’à présent, il n’y a aucun signal de ce genre. »

L’Union a importé, en 2016, 54 pour cent de son énergie primaire. La Russie a compté pour 37 pour cent en valeur des importations de gaz naturel et 30,9 pour cent des importations de pétrole brut, ce qui en fait le premier fournisseur d’énergie de l’Union, juste devant la Norvège (1). Une telle position, dans un contexte post-crise ukrainienne, met l’Union en position de faiblesse vis-à-vis de son voisin russe.

Le dialogue énergétique que la Russie est prête à relancer a été initié en 2000, lors du 6ème sommet russo-européen par le président de la Commission Européenne de l’époque, Romano Prodi. Il visait à développer un réel partenariat énergétique entre les deux entités (Plan Prodi) (3). D’un côté, l’Union, dans un contexte de croissance de sa consommation énergétique, mais aussi de troubles au sein de ses marchés traditionnels d’approvisionnement (Proche et Moyen-Orient), y voyait un moyen de stabiliser ses approvisionnements auprès d’un pays en voie d’ouverture et de stabilisation. De l’autre, la Russie comptait sur l’entrée de nouvelles devises, ainsi que sur la modernisation de ses infrastructures d’exploitation et de transport d’hydrocarbures par l’investissement et le transfert de technologies pour soutenir son développement industriel après le déclin de l’URSS. Ce dialogue s’est renforcé par la création d’un Conseil permanent des ministres de l’énergie, dont la première réunion s’est tenue en 2005. L’optimisme, à cette époque, était la règle. Quatorze années plus tard, ce dialogue a été clos par l’Union à la suite de l’invasion de la Crimée par la Russie.

En 2015, la Commission a impulsé la création de l’Union de l’Energie qui vise à assurer un approvisionnement énergétique durable, compétitif et sécurisé. Sous cette étiquette, certains projets clés envisagés pour diversifier l’approvisionnement gazier, comme le Southern Corridor, soulèvent des doutes sur leur pertinence économique, et surtout, ont suscité des dissensions politiques au sein de l’Union (2).

Perspectives :

  • Probable considération par les États-Unis des énergéticiens russes opérant en Europe lors du prochain train de sanctions extraterritoriales attendu en novembre en réponse à l’affaire Skripal.
  • La mise en service du Turkish Stream en décembre 2018 et d’éventuelles décisions quant à son extension en Europe (Hongrie, Bulgarie).
  • À long terme, possible reconfiguration des relations sur l’énergie entre la Russie et l’Union.

Sources :

  1. Commission Européenne, EU imports of energy products – recent developments, avril 2018.
  2. PIRANI Simon, Let’s not exaggerate – Southern Gas Corridor prospects to 2030, The Oxford Institute for Energy Studies online publications, juillet 2018.
  3. Sénat français, Union Européenne – Russie, quelles relations ?, 19 octobre 2018.
  4. TASS, Russia to revive energy dialogue with EU, 17 octobre 2018.

Joshua Slawski