Amsterdam. Le lundi 8 octobre, le conseil d’administration du groupe Airbus a nommé Guillaume Faury, ancien directeur d’Airbus Helicopters puis directeur commercial d’Airbus Commercial Aircraft, à la tête du groupe (4). Si la nomination du nouveau PDG du groupe européen, qui prendra ses fonctions en avril 2019, s’est faite par promotion interne, elle s’inscrit cependant dans le cadre d’une profonde mutation de son équipe dirigeante, la plupart des directeurs du groupe ayant quitté le navire ces derniers mois. Faury aura donc pour premier objectif de rassurer et rassembler ses troupes.

Au-delà des questions organisationnelles, c’est surtout l’avenir du plus grand projet industriel européen, créé en 2000 sous le nom officiel d’EADS, qui se joue. Le groupe a ainsi entrepris un approfondissement de son activité, tant dans des projets très ambitieux, comme en témoigne ses récents investissements dans le réseau satellitaire New Space, que sur des créneaux où il renforce un positionnement déjà existant, à l’image des lignes régionales destinées aux vols courts (avions A220), grâce à une alliance avec le constructeur canadien Bombardier. Ces activités font ainsi vivre plus de 100 000 employés du groupe en Europe, en vertu d’une chaîne d’approvisionnement complexe, dont le commandement est assuré à Blagnac (Occitanie). Le groupe est surtout au cœur de la politique européenne de défense, pourtant moins connue du futur nouveau PDG : le lancement en 2019 du drone MALE, issu de la collaboration entre la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, ainsi que le développement du futur système de combat aérien futur (SCAF), sont ainsi au cœur de l’activité du groupe, qui pourrait alors connaître une forte croissance une fois sa direction redynamisée autour de G. Faury (1).

Plusieurs menaces pèsent cependant sur le groupe. La concurrence avec Boeing n’a, d’abord, jamais été aussi intense. Si les commandes adressées à Airbus étaient supérieures à celles de Boeing en 2017 (3), elles concernent essentiellement les embarcations de moyen-courrier à couloir unique. Au contraire, le géant américain reste à ce jour le chef de file des avions de long-courrier, malgré les commandes majeures d’A380 adressées à Airbus. De plus, le chinois Comac, dont les parts de marché sont encore marginales, connaît une forte croissance avec son nouvel engin, le Comac C919. Enfin, le Brexit, a été à maintes reprises décrié par la direction d’Airbus comme le principal danger qui guette le groupe, celui-ci employant 15 000 employés au Royaume-Uni (2). La nomination de G. Faury permettra-t-elle donc à Airbus de sortir de ces zones de turbulence ?

Perspectives :

  • 29 mars 2019 : sortie annoncée du Royaume-Uni de l’Union européenne.
  • Avril 2019 : arrivée effective de G. Faury à la présidence du groupe Airbus.
  • 2040 : possible mise en service du SCAF, élément majeur du projet européen de défense.

Sources :

  1. CABIROL Michel & GLISZCZYNKSKI Fabrice, Les dix travaux de Guillaume Faury à la tête d’Airbus, La Tribune, 9 octobre 2018
  2. KOTTASOVA Ivana, Airbus has a new CEO. Can he take the company to new heights ?, CNN Business, 8 octobre 2018
  3. MCCARTHY Niall, Airbus is beating Boeing in the race for new orders, Statista, 16 janvier 2018
  4. Site institutionnel d’Airbus, Airbus Board of Directors Selects Guillaume Faury Future Chief Executive Officer, 8 octobre 2018

Olivier Lenoir