Idlib. L’attaque d’Idlib par les troupes d’Assad ne semble pas faire de doutes pour les puissances occidentales. Ainsi le président Macron a annoncé, lors de son discours annuel aux ambassadeurs, le 27 août 2018, qu’une « nouvelle tragédie humanitaire se profile en Syrie ». Le lendemain, les médias russophones ont annoncé que Moscou aurait demandé aux « chefs des bandes armées illégales présentes dans la région syrienne d’Idlib de renoncer aux provocations et s’engager sur la voie de la réconciliation » (1). De capituler, en somme. Ces deux événements préfigurent bien que des manœuvres militaires sont en cours de préparation.
Mais contrairement aux dernières attaques syriennes contre les rebelles, Idlib est aujourd’hui sous une protection relative des forces turques. Cette région fait également partie des zones de désescalade prévues dans l’accord d’Astana signé au début de l’année 2017 (2). Enfin, il est difficile d’imaginer Moscou s‘en prendre à son voisin turc après tout le travail diplomatique effectué depuis deux ans. La question est donc de savoir si Ankara peut accepter une offensive syrienne sur Idlib. À priori non. Le régime syrien est un adversaire de la Turquie depuis le début de la révolution en 2011. Mais aujourd’hui avec le rapprochement russo-turc, les forces d’Assad ne sont plus l’ennemi numéro 1 du président Erdogan dans la région. Cet ennemi numéro 1, ce sont les Kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), contrôlant un peu plus de 20 pour cent du territoire syrien au Nord-Est.
Le risque majeur pour la diplomatie occidentale serait qu’un accord soit passé entre Ankara et Moscou. Avec d’un côté la Turquie qui laisserait les forces d’Assad reprendre Idlib et de l’autre la Russie et les forces syriennes qui assureraient un soutien à Ankara contre les forces Kurdes.
Perspectives :
- Une attaque syrienne contre les rebelles d’Idlib semble imminente. Quelles seront les positions turques ? Un accord avec la Russie, serait très certainement synonyme de la volonté d’Ankara de mener une offensive contre les FDS. En cas de désaccord et si l’offensive syrienne est menée, ce serait l’occasion pour les Occidentaux de se rapprocher de la Turquie au détriment de Moscou.
Sources :
- Moscou appelle les chefs radicaux présents à Idlib à se rendre, Sputnik, 28 août 2018.
- STEPHAN Laure, Syrie : derniers préparatifs avant la bataille d’Idlib, Le Monde, 28 août 2018.