Bruxelles. La gauche de la gauche n’échappe aux différents chamboulements politiques européens. Cependant à dix mois du scrutin, les Verts et la gauche radicale (via le Gue/Ngl, Groupe de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique), qui ont chacun près de 50 députés, abordent le scrutin de manière différente.
Côté Gue/Ngl, la lutte de pouvoir entre les partis d’Europe du Sud et l’allemande Die Linke (et ses alliés comme le Parti Communiste Français) a commencé. Le parti de gauche allemand constitue, avec ses 8 députés sortants, la force principale de ce groupe parlementaire : il devrait rester stable, mais pourrait être confronté à la montée en puissance de nouveaux partis de gauche comme la France Insoumise ou Podemos en Espagne, qui enverraient une vingtaine de députés à Strasbourg en mai prochain. Alors que les premières agrégations des sondages nationaux indiquent que le groupe pourrait avoisiner près de 60 eurodéputés (1), cette montée en puissance de l’Europe du Sud change la donne, la France Insoumise et Podemos estimant que certains dirigeants de gauche allemande sont les archétypes d’une vieille gauche ringarde et pas assez proches des mouvements sociaux. Reste à savoir si ces nouveaux mouvements “de populisme de gauche” parviendront à transformer véritablement ce groupe. Et s’ils échouent, partiront-ils en solo pour créer un groupe concurrent ?
Les Verts, de leur côté, sont un peu coincés. Ils pourraient vraisemblablement perdre une quinzaine de députés du fait des difficultés des partis écologistes français, suédois ou autrichiens. Certaines sources parlementaires sont peu optimistes sur les prochaines élections, estimant que certains eurodéputés verts pourraient être tentés comme certains sociaux-démocrates par l’aventure d’un parti pro-Macron. De plus, les nouvelles lois électorales dans certains pays, notamment en France avec un seuil de 5 pour cent pour être représenté au Parlement, pourraient aussi empêcher les Verts français de siéger à Strasbourg.
Mais au delà des résultats électoraux, est-ce que ces deux groupes pourront collaborer dans le prochain Parlement ? Si sur l’environnement, le climat, la fiscalité, les Verts et la gauche radicale tiennent des discours similaires, les Verts reprochent souvent à la gauche radicale d’être peu impliquée dans les négociations législatives avec les autres groupes, qui seront des négociations clefs pour gagner en influence dans au Parlement européen. La gauche radicale, quant à elle, rétorque souvent que les députés écologistes négocient trop, quitte à être dans la compromission avec leurs principes. Reste à savoir comment les leaders de ces deux groupes réagiront si les populismes de droite et d’extrême-droite réussissent leurs campagnes européennes en mai prochain.
Perspectives :
- Novembre : Congrès des différents partis pour les élections européennes.
- 22-25 mai : Élections européennes.
Sources :
- MULLER Matthieu, Wenn am nächsten Sonntag Europawahl wäre (Juli 2018) : Sozialdemokraten machen Boden gut, EVP in neuem Rekordtief, Rechte legen zu, 25 juillet 2018.
Quentin Ariès