En Bref – Les partis populistes de droite rêvent d’entrer en force au Parlement européen. Mais seront-ils capables de bouger la machine parlementaire ? Suite de notre série estivale sur le prochain scrutin européen.

Bruxelles. La montée des populistes de droite est le fil conducteur de la balbutiante campagne des élections européennes. Comme nous l’avons vu ces dernières semaines, la reconfiguration politique en Europe ces dernières années va probablement se traduire par la captation d’au moins 150 sièges au Parlement à Strasbourg par des partis souverainistes de droite et d’extrême-droite opposés à l’immigration. Cette reconfiguration sert aussi de prétexte à l’ancien conseiller de Donald Trump et commentateur d’extrême-droite Steve Bannon pour s’installer à Bruxelles afin de, selon lui, coordonner cette vague populiste sur le vieux continent (1).

Mais cela va t’il marcher ? Rien n’est moins sûr. En effet, dès les élections européennes de 2014 le Front National français, l’Alternative für Deutschland (AfD) en Allemagne ou les populistes de droite suédois ou danois avaient fait une première percée. Avec le parti pro-Brexit Ukip, les tentations étaient déjà grandes pour eux de scander qu’ils allaient détruire le système européen de l’intérieur. Mais cinq ans après, leur impact sur le Parlement européen est à nuancer. Les principaux partis européens avaient mis en place “un cordon sanitaire” (2) pour empêcher ces députés d’accéder aux postes clefs du Parlement comme les présidences de commissions parlementaires. De plus, une grande majorité de ces députés sont peu intéressés par le travail parlementaire extrêmement technique et les négociations fastidieuses avec les autres groupes politiques. Et c’est sans oublier les divergences politiques entre ces différents mouvements populistes sur les grands dossiers au Parlement européen comme la politique commerciale, le les travailleurs détachés ou l’environnement.

Cependant, on peut d’ores et déjà rétorquer que la cuisine parlementaire doit être mise au second plan. Si au Parlement les populistes de droite n’ont pas réussi à transformer l’essai des élections de 2014, leurs bons résultats électoraux nationaux ont cependant eu des effets non-négligeables au Conseil sur les questions liées aux migrations et à l’asile. Avec l’approche très dure de Viktor Orban et les tourments politiques français, italiens ou allemands sur ces sujets explosifs, difficile de ne pas voir des capitales qui peinent à trouver une réponse aux mouvements populistes.

Perspectives :

  • 22-25 mai 2019 : Elections européennes.

Sources :

  1. HINES Nico, Inside Bannon’s Plan to Hijack Europe for the Far-Right, The Daily Beast, 20 juillet 2018.
  2. QUATREMER Jean, Le Parlement européen dresse un cordon sanitaire autour des europhobes, Coulisses de Bruxelles, Libération, 3 juillet 2014.

Quentin Ariès