Nouakchott. Les attaques contre le quartier général du G5 Sahel au Mali, revendiquées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), organisation affiliée à Al-Qaeda et dirigée par le chef de guerre malien Iyad ag Ghali, ont eu d’importantes répercussions politiques dans la région.

Les pressions exercées par le président français Emmanuel Macron sur ses partenaires régionaux, à l’occasion d’un sommet rassemblant la France et les États membres de l’organisation dans la capitale mauritanienne 1, auraient été déterminantes dans la promotion de nouveaux dirigeants à la tête du G5 Sahel, selon le journaliste mauritanien Mohamed Fall Oumeir 2. Le général malien Didier Dacko, considéré comme le principal responsable des failles de sécurité qui ont permis aux djihadistes de s’en prendre directement au coeur de l’État Major de la force multinationale, a été remplacé par le général mauritanien Hanenna Ould Sidi, qui a été nommé commandant, et par le tchadien Oumar Bikimo 3. Tous deux peuvent se prévaloir d’une solide expérience de la lutte contre les groupes armés djihadistes : Ould Sidi a occupé des postes de responsabilité au sommet des services de renseignement militaire mauritaniens, il a été directement impliqué dans les opérations militaires contre le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), et a, par la suite, été nommé chef adjoint de l’État Major de l’armée ; Bikimo a été commandant des forces tchadiennes envoyées au Mali en 2013 en soutien aux opérations militaires françaises dans l’Adrar des Ifoghas, et chef adjoint de la Minusma entre 2014 et 2015.

La nomination de ces nouveaux chefs militaires témoigne du rôle central de la Mauritanie et du Tchad dans la stabilité de l’organisation et dans le système de relations bilatérales entre la France et l’Afrique sahelo-saharienne : N’Djamena et Nouakchott partagent, par ailleurs, les critiques adressées aux armées et aux systèmes de sécurité des autres États membres du G5 4. De plus, on considère que ces changements sont susceptibles de donner une nouvelle impulsion à la force multinationale, formellement instituée en 2017 mais pas encore pleinement opérationnelle à cause de difficultés financières – auxquelles l’Union  et les partenaires institutionnels ont répondu par un engagement à y allouer 414 millions d’euros la première année 5 – et logistiques.

La création  d’une force militaire commune aux États du G5 Sahel est bien accueillie à Paris, puisqu’elle permettrait d’alléger la charge du dispositif militaire français de Barkhane au Sahel, en récupérant, en partie, la responsabilité de la lutte contre le terrorisme djihadiste et d’opposition aux trafics criminels dans la région.

Perspectives :

  • Il sera intéressant d’observer si le remplacement des dirigeants militaires va effectivement contribuer à rendre opérationnelle et efficace la force conjointe du G5 Sahel, par delà ses limites structurelles et financières.