Madrid. L’Espagne est devenue cette année la première porte d’entrée des migrants clandestins en Europe (2). Selon les estimations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 22 000 migrants sont arrivés en bateau sur la côte espagnole entre janvier dernier et le 25 juillet 2018. Ce chiffre est trois fois supérieur à celui de 2017 à la même date et représente 38 pour cent de l’immigration irrégulière en Europe via la Méditerranée, sur un total de 55 001 migrants.
Alors que Pedro Sanchez déclarait que son pays défendrait une position « constructive, intégrative et en recherche de solutions » dans le débat européen sur l’immigration, le Premier ministre espagnol n’a pas hésité à demander de l’aide à Bruxelles pour faire face à l’arrivée croissante de migrants. La Commission européenne s’est hâtée de débloquer des fonds pour améliorer la capacité d’accueil des migrants en Espagne. Ainsi, Madrid a reçu une aide de 32,6 millions en juillet pour faire face aux défis liés aux migrations et à la sécurité (1), en plus des 691,7 millions provenant du Fonds « Asile, migration et intégration » et du FSI, déjà prévus pour la période 2014-2020.
Considérant que l’Union doit parvenir à une « réponse commune » face au « défi mondial » des flux migratoires provenant de la Méditerranée occidentale (4), le gouvernement espagnol a aussi multiplié les accords avec les autres pays européens. Ainsi, Merkel et Sánchez ont conclu un accord par lequel l’Espagne acceptera le retour des migrants qui se trouvent en Allemagne mais qui sont entrés dans l’Union par l’Espagne. Cela concerne les migrants ayant été arrêtés à la frontière allemande dont les demandes d’asile devront alors être confiées à l’Espagne, a expliqué le porte-parole Eleonore Petermann (3).
Mais ces accords ne sont pas du goût de tous les dirigeants de l’Union. Le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, a ainsi accusé le gouvernement de Sánchez de « favoriser une immigration hors de contrôle”(5).
Perspectives :
- Novembre-décembre 2018 : le Gouvernement Sánchez prévoit d’élargir l’aide pour l’accueil de migrants en réintégrant le “Fond pour l’intégration, l’accueil et le Renforcement éducatif des immigrés” qui avait été abandonné par le gouvernement Rajoy en 2012.
- 5 au 7 décembre 2018 : Forum mondial de la Migration et du Développement (11ème édition) à Marrakech.
- 2019 : les gouvernements espagnol et français souhaitent organiser une réunion régionale en Espagne de ministres européens et africains consacrée aux questions de migration pour analyser les flux migratoires et « explorer des initiatives communes possibles”.
Sources :
- GEORIS Vincent, Des millions européens pour aider l’Espagne à gérer ses migrants, L’Echo, 1er août 2018.
- MOREL Sandrine, L’Espagne devient la première porte d’accès des migrants en Europe, Le Monde, 4 août 2018
- Des migrants vont être transférés d’Allemagne vers l’Espagne, Reuters et Challenges, 8 août 2018.
- SANHERMELANDO Juan, Sánchez pide ayuda a la UE para frenar la llegada de inmigrantes a España, El Español, 24 juin 2018.
- URRA Susana, Italy’s Salvini accuses Spain of encouraging “out-of-control” immigration, El País, 7 août 2018.
