Genève. Des crues meurtrières dans le Gard aux intarissables incendies qui sévissent au Portugal, l’actualité de l’été est propice à l’inquiétude et au commentaire. Depuis quelques années cependant, l’opinion publique lie de plus en plus systématiquement ces phénomènes au changement climatique. Cette prise de conscience, encouragée par l’Accord de Paris sur le climat de 2015 et les efforts consentis par une grande majorité d’États, ne saurait suffire à endiguer un phénomène dont nous percevons à peine la brutalité.

Selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les effets du réchauffement climatiques sont multiples et affectent tous les milieux naturels – et peut-être plus particulièrement les écosystèmes déjà fragiles, à l’instar des archipels d’Asie du Sud-Est dont la submersion pourrait précipiter une nouvelle forme de migration internationale massive (2). Diminution du rendement des céréales les plus cultivées, appauvrissement des ressources en eau, érosion des reliefs côtiers et acidification des océans… La facture environnementale de l’activité humaine ne cesse d’augmenter à mesure que l’économie mondiale se développe.

Ainsi fait-on face à un dilemme mondial. Alors que l’Accord de Paris a fixé un objectif de limitation du réchauffement climatique à 2°C, mais laisse les États libres de choisir leurs moyens pour l’atteindre, la croissance économique et démographique rapide des pays en développement suppose une augmentation proportionnée des moyens de production d’électricité, souvent à partir du charbon, aussi bon marché que polluant – et la hausse du recours aux produits pétroliers pour les transports et la pétrochimie (3). La transition écologique telle que les dirigeants la conçoivent pourrait bien s’avérer vaine à long terme : selon certains climatologues, le débat du réchauffement climatique doit être élargi à la durabilité de notre modèle de civilisation (1). Une économie de l’abondance et de la croissance constante est-elle compatible avec une population mondiale dont le FMI pense qu’elle pourrait atteindre près de dix milliards d’habitants en 2050 ?

Sources :

  1. COULAUD Aurore, François-Marie Bréon : La lutte pour le climat est contraire aux libertés individuelles, Libération, 29 juillet 2018.
  2. GIEC, Climate change 2014 : impacts, adaptation and vulnerability, 2014.
  3. MARTIN Eric, Deux degrés de plus, deux degrés de trop, Le Monde Diplomatique, Novembre 2015.