Pékin. À l’issue du sommet UE-Chine le 16 juillet, la déclaration conjointe des deux parties a exprimé une volonté de partenariat accru, et global (1). Entre autres points, Donald Tusk, Jean-Claude Juncker et Li Keqiang ont formulé le désir d’une réforme de l’OMC : “Il est du devoir de l’Europe et de la Chine, de l’Amérique et de la Russie de ne pas détruire cet ordre (…) mais de réformer, avec courage et sens des responsabilités, l’ordre international fondé sur des règles” a déclaré le président du Conseil européen.

Ce discours intervient dans un contexte de tensions commerciales avec les États-Unis, où Chine comme Europe ont déposé plainte auprès de l’OMC contre les mesures tarifaires américaines (4). Avec cette prise de position, l’Europe poursuit son rôle de puissance normative, et la multiplication récente des accords de libre-échange en Asie orientale illustre cette stratégie européenne cherchant à asseoir une position internationale en dépit de faiblesses structurelles.

Cependant, ce désir commun de réforme de l’OMC n’est pas sans ambiguïtés. La Chine, particulièrement sous le mandat de Xi Jinping, affirme clairement une volonté de contrer le modèle de Washington et de promouvoir un nouvel ordre international post-occidental (3). Les divergences avec l’Europe deviennent une évidence et ne pourront être conciliables. La politique chinoise en matière d’investissements étrangers est notamment un point sensible. L’Europe a déposé plainte contre la Chine en juin 2018 auprès de l’OMC pour “transfert injuste de technologie” (2). En effet, Pékin peut exiger un transfert de connaissances technologiques en échange de l’implantation d’une entreprise. Une stratégie mise en place afin de rattraper rapidement son retard en la matière. L’Europe ne portera donc pas, dans les faits, les mêmes ambitions de normes, le discours de ce sommet étant donc plus à interpréter au regard du contexte de tensions et d’une affirmation au sein de la communauté internationale que d’intentions réelles.

Perspectives :

  • Courant 2018 : ouverture des consultations avec la Chine, demandées par l’Union européenne le 1er juin 2018 auprès de l’OMC.
  • 30 novembre – 1er décembre 2018 : sommet des chefs d’État du G20, où Emmanuel Macron, soutenu par l’International Chamber of Commerce, a appelé à discuter de réformes de l’OMC.

Sources :

  1. Conseil européen, Sommet UE-Chine, Pékin, 16 juillet 2018, 16 juillet 2018.
  2. European Commission, EU launches case against China’s unfair technology transfers, 1er juin 2018.
  3. HAQUET Charles, La Chine veut exporter son mode de gouvernance, entretien avec la chercheuse de l’Ifri Alice Ekman pour l’Express, 20 mars 2018.
  4. Organisation mondiale du commerce, Liste chronologique des différends, consultée le 18 juillet 2018.