Pékin – Le Global Times, le quotidien qui exprime la ligne officielle du gouvernement chinois, jure que la Chine et l’Union européenne ne forment pas un » bloc anti-américain » (4), mais il est difficile de ne pas lire dans les mots de Donald Tusk une référence, aussi voilée soit-elle, à la politique commerciale de l’administration de Washington. « Il est du devoir commun de l’Europe et de la Chine, de l’Amérique et de la Russie de ne pas détruire cet ordre, mais de l’améliorer », a déclaré le président du Conseil européen, « non pas de lancer des guerres commerciales qui se sont souvent transformées en conflits dans notre histoire, mais de réformer l’ordre international fondé sur des règles avec courage et responsabilité » (2).
Tusk et Jean Claude Juncker ont représenté l’Union au 20ème sommet Ue-Chine, qui s’est tenu à Pékin le 16 juillet. Ils étaient accueillis par le premier ministre chinois Li Keqiang, mais les deux présidents européens ont également rencontré Xi Jinping. À la fin de la réunion, la Chine et l’Europe ont exprimé dans une déclaration commune leur volonté d’approfondir leurs relations commerciales dans le cadre des règles de l’OMC, tout en s’engageant également à moderniser la plus importante institution commerciale internationale. « L’Union européenne est attachée à la modernisation de l’OMC – a souligné M. Tusk – et demande aux partenaires de travailler ensemble de manière positive dans cette direction. Nous proposons une approche globale pour améliorer, avec nos partenaires, les fonctions de l’OMC dans des domaines clés (…) L’objectif de cette réforme est de renforcer l’OMC en tant qu’institution et d’assurer des conditions de concurrence équitables”.
Il s’agit peut-être d’une concession au président américain, Donald Trump, qui est notoirement critique à l’égard du système actuel, qu’il qualifie de désavantageux pour Washington, une façon de l’amener à la table des négociations pour une réforme complète du système. « L’Europe est le plus grand partenaire commercial de la Chine, et la Chine est notre deuxième plus grand partenaire commercial », a déclaré M. Juncker. « Le commerce de marchandises entre nous vaut 1,5 milliard chaque jour. Mais nous savons aussi que nous pouvons faire beaucoup plus. C’est pourquoi nous nous réjouissons d’avoir progressé aujourd’hui sur l’Accord Global sur l’Investissement avec un premier échange d’offres d’accès au marché et un accord sur les indications géographiques » (1).
Ce climat de coopération intervient après qu’en avril dernier tous les États membres de l’Union, à l’exception de la Hongrie, avaient exprimé de manière critique leur point de vue sur la « Nouvelle Route de la Soie », certainement le plus important projet d’infrastructure commerciale chinois (3). Outre le commerce, d’autres questions ont été abordées lors du sommet, notamment le changement climatique et un plan de protection de la propriété intellectuelle.
Sources :
- European Commission, Eu – China summit, deepening the strategic global partnership, 16 juillet 2018.
- European Council, Eu – China summit, Beijing, 16 juillet 2018.
- PIERANNI Simone, La Ue prova a riscoprirsi unita contro la Nuova Via della Seta cinese, EastWest, 19 avril 2018.
- SHENG Yang, China, Eu are not forming anti-US bloc : Chinese expert, Global Times, 16 juillet 2018.