Strasbourg. C’est le grand test pour Emmanuel Macron. Après avoir gagné la présidentielle française et s’être assuré une majorité à l’Assemblée nationale, les élections européennes de 2019 seront le thermomètre de son action politique au niveau national.
Mais c’est aussi un test pour la scène européenne. Macron, élu avec un programme pro-européen, n’a pas lésiné sur le sujet : négociations commerciales, réformes de la zone européenne, travailleurs détachés, demande de révision des positions sur l’interdiction du glyphosate. Si il a du mal à se faire entendre sur la monnaie unique, l’effet Macron à Bruxelles existe bel et bien (1).
Que faire alors ? Depuis des mois, le chef de son parti Christophe Castaner et quelques députés établissent des contacts avec des partis amis : en Espagne avec Ciudadanos, aux Pays-Bas avec les libéraux D66, en Belgique avec le Mouvement Réformateur de Charles Michel, en Hongrie avec le Momentum, etc. Si ces mouvements se montrent intéressés par la démarche, nul n’a encore franchi le pas (2).
Pourquoi ? Tout d’abord parce que La République en Marche n’a pas encore vraiment lancé sa campagne sur le fond, la seule chose qui transparaît pour le moment étant de créer en France un front pro-Européen, quitte à qualifier ses concurrents d’anti-européens (1). Une approche qui peut marcher en France, mais qui sera complexe à reproduire hors de l’Hexagone. Le seul pays sensible à cette approche pourrait être l’Italie, où un front européen pourrait éventuellement se dresser contre “La Ligue” européenne des partis souverainistes d’extrême-droite, une initiative portée par Matteo Salvini.
Car si ces élections sont européennes, les logiques stratégiques restent nationales. Comment reproduire la stratégie de Macron pour le D66 sachant qu’ils sont au gouvernement ? Comment Momentum, qui a échoué à entrer au Parlement hongrois au printemps 2018, peut-il être visible dans ce pays ?
Autre enjeu : quelle affiliation pour ce nouveau parti ? Macron a en effet peu d’affinités avec le Président du groupe Alde au Parlement Européen Guy Verhofstadt et, finalement, ne croit pas trop au rôle de l’institution. Ce qu’il aime et là où il excelle, ce sont surtout les relations personnelles avec les leaders européens au Conseil. Pas assez pour créer un mouvement et reproduire sa révolution.
Perspectives :
- Septembre : lancement de la campagne En Marche version européenne.
- Octobre-Novembre : Congrès des partis politiques européens (Parti Populaire Européen, Parti Socialiste Européen, Alliance des Libéraux et des Démocrates, Les Verts) pour désigner leurs champions pour la Présidence de la Commission européenne.
- Fin mai 2019 : Elections européennes.
Sources :
- HEATH Ryan, DE LA BAUME Maia, BARIGAZZI Jacopo, Macron and Salvini face off over Continent’s future, Politico, 19 juillet 2018.
- MESKENS Joelle, Christophe Castaner (LREM) au « Soir » : « Faisons au niveau européen ce qu’on a déjà fait en France », le Soir, 13 décembre 2017.