Bruxelles. L’Otan a approuvé la création de deux nouveaux quartiers-généraux pour améliorer ses missions de dissuasion contre la Russie – un à Norfolk pour sécuriser les couloirs atlantiques (Joint Force Command – Norfolk) et un à Ulm (Joint Support and Enabling Command) pour faciliter les opérations logistiques à travers l’Europe (2). Alors que ces nouveaux quartiers-généraux serviront à résoudre des problèmes tout à fait réels, ils poussent également à s’interroger sur l’adaptation de l’actuel déploiement des forces de l’Otan aux menaces auxquelles il doit faire face.
Depuis la fin de la guerre froide, l’Otan a subi trois changements structurels majeurs. Premièrement, la consolidation de toutes les forces de combat sous un seul commandement sur le terrain, l’Allied Command Operations. Deuxièmement, ses commandements opérationnels ne supervisent plus de zone géographique et ont été renommés en conséquence Joint Force Commands. Troisièmement, l’Alliance a développé des commandements par type d’armées (Land Command pour le commandement terrestre…) en s’inspirant de de la US Army ; ces commandements attestent de leurs forces aux Joint Force Commands et leur en fournissent.
Selon sa désignation officielle, Joint Force Command Norfolk sera le troisième commandement opérationnel ; il reprend ainsi la plupart des missions de l’ancien Commandement atlantique. Il sera probablement dirigé par un amiral à double casquette de la nouvelle Deuxième Flotte ou de son organisation-mère la Fleet Forces Command. Cela semble illustrer la tendance de l’Otan à retourner à des structures de commandement géographiques, comme en témoigne la création de Force Integration Units sous les ordres des Joint Force Commands tout au long du flanc oriental (1).
On a moins de certitude au sujet de la place réservée au Joint Support and Enabling Command d’Ulm dans la structure de l’Otan, mais il sera probablement considéré comme un commandement clef pour la logistique (3), de manière analogue à la Transportation Command de la US Army. Le Joint Force Command de Norfolk et le Joint Support and Enabling Command d’Ulm sont le signe tangible du fait que l’Europe devient un théâtre d’opération en et elle-même, prête à se diviser.
Perspectives :
- L’Otan aura besoin de maintenir présentes en Europe des forces opérationnelles pour diriger ces nouveaux quartiers-généraux.
- Le Sénat a confirmé que le vice-amiral David H. Lewis sera le commandant de la Deuxième Flotte. Le développement de cette flotte suivra probablement dans les années à venir le rythme de la Joint Force Command de Norfolk.
- Se tenir prêt face à la Russie est le défi numéro un pour l’Otan dans les années à venir.
Sources :
- Allied Joint Force Command Brunssum, NATO Force Integration Unit (NFIU) Fact Sheet, 2018.
- North Atlantic Treaty Organization, Brussels Summit Declaration, 2018.
- Permanent Delegation of the Federal Republic of Germany to the North Atlantic Treaty Organization, New NATO Joint Support and Enabling Command in Ulm, 2018.