L’application par l’administration américaine du concept d’Indo-Pacifique aux relations entre l’Iran et l’Inde

Chabahar. Dans l’histoire récente, l’Inde a toujours été, en dépit des tensions, un partenaire de l’Iran en Asie face au Pakistan (l’Inde soutenait l’Iran contre les Talibans en Afghanistan), ce qui lui permettait également d’attirer des investissements. Aujourd’hui, l’Inde espère sécuriser son approvisionnement en hydrocarbures, et pour cela créer un gazoduc de South Pars à New Delhi en passant par le Pakistan, ce qui est rendu difficile par la pression américaine à cause du soutien du Pakistan au programme nucléaire indien) ¹.

Ce partenariat économique s’illustre par le développement du port de Chabahar, à proximité de la frontière pakistanaise, fruit d’un accord de mai 2016 et dont la construction a débuté le le 13 juin 2018. L’accord prévoit que l’Inde y investisse 85 millions ². Pour l’Inde, le développement d’un tel port permet de concurrencer le port pakistanais de Gwadar (davantage soutenu par la Chine) ³ . Pour l’Iran, c’est une manière de se préparer au retour des sanctions en essayant de prouver son indépendance vis-à-vis des États-Unis. Pour l’Afghanistan, le port permet de ne pas avoir à faire passer toutes les marchandises par Karachi.

Or les Etats-Unis se sont emparés de la question la semaine dernière. La représentante américaine auprès de l’ONU Nikki Haley, alors de visite en Inde, a demandé au premier ministre indien Narenda Modi, d’une part de couper les importations de pétrole iranien à partir de novembre 2018 pour respecter les sanctions américaines, et d’autre part de continuer à investir dans le port de Chabahar pour rompre la dépendance de l’Afghanistan à l’égard du Pakistan, en lui offrant une nouvelle route vers la mer qui passerait par l’Iran ⁴. De telles requêtes s’inscrivent, semble-t-il, dans la nouvelle construction géopolitique américaine, “l’Indo-Pacifique”, que nous avons déjà présentée ⁵.

Perspectives :

• 06 août : date à laquelle les entreprises minières et automobiles devront cesser leurs activités en Iran sous peine d’être touchées par des sanctions américaines.
• 04 novembre : date à laquelle Total sera contraint de quitter l’Iran si l’entreprise n’obtient pas d’exemption des sanctions américaines