Berlin. La police allemande a confirmé le 20 juin avoir déjoué un attentat qu’une petite cellule de l’État islamique préparait à Cologne en fabriquant une bombe biologique à la ricine, une substance toxique extrêmement puissante que l’on trouve dans les graines de la plante de ricin. Pendant des années, la perspective d’une attaque terroriste non conventionnelle, prise au sérieux après le 11 septembre, a été jugée secondaire en raison des difficultés techniques d’une telle entreprise.

Les terroristes étaient jugés insuffisamment compétents, tandis que la pression sécuritaire qui s’exerçait sur eux devait soit décourager des projets complexes, soit les détecter dès le début de leur préparation. C’est entre autres en raison de cette pression qu’en Europe, depuis 2016, un grand nombre d’attentats ont été commis à l’aide d’armes blanches, détenues légalement, ou de véhicules. Plusieurs attentats, en 2017, réussis ou déjoués, ont cependant confirmé que les jihadistes ne renonçaient pas à des actions complexes nécessitant de réelles compétences techniques et des moyens sérieux.

L’affaire de Cologne, qui a vu les services allemands bénéficier de l’aide des États-Unis, constitue un très inquiétant rappel à l’ordre. Aux côtés de sympathisants décidés à frapper seuls à l’aide de moyens rudimentaires, des jihadistes expérimentés sont capables, non seulement de s’engager dans des projets complexes, mais en plus de rendre l’hypothèse d’une attaque non conventionnelle dévastatrice crédible.

Sources :

  1. DAGUZAN Jean-François, LEPICK Olivier, Le Terrorisme non-conventionnel, Paris, PUF, 2003.
  2. Bio-Gift in Kölner Wohnung – Haftbefehl gegen Tunesier, Die Welt, 13 juin 2018.