Paris. L’évolution des modes opératoires terroristes ont contraint les services de secours à des adaptations indispensables. Face à des tueries de masse réalisées par des assaillants munis d’armes de guerre, comme à Paris ou à Saint-Denis en novembre 2015, il a fallu apprendre à gérer puis soigner un grand nombre de victimes dont les blessures n’avaient presque jamais été vues dans le pays. A Nice, Berlin, Londres ou Barcelone, il a fallu faire face à des dizaines de morts et de blessés fauchés par des véhicules qui les avaient visés délibérément.

La plus grande innovation, imposée par les événements contre de solides réticences, a découlé de la nécessité pour les secours d’agir sous le feu des terroristes. Depuis la tragédie de Beslan, en 2004, les spécialistes redoutaient, en effet, des prises d’otages de masse (POM), au cœur de bâtiments complexes, dont la durée nécessiterait que les secours agissent pendant l’événement, et non après son dénouement. L’étude des méthodes des jihadistes a ainsi conduit à la création en France de détachements particuliers de pompiers capables d’intervenir pendant les combats.

Cette évolution, tactique mais surtout culturelle, a montré que des adaptations profondes étaient possibles quand leur nécessité était comprise.  Comme souvent, elle n’a été réellement menée à bien qu’après des catastrophes sécuritaires, et il faut espérer que les services de secours européens ont su apprendre des tragédies passées.

Sources :

  1. Audition du général Philippe Boutinaud, commandant la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, Commission de la défense nationale et des forces armées, 16 décembre 2015.
  2. VERLET Dominique, GAUTIER Stéphane, Retour d’expérience : attentats 13 novembre 2015, Sapeurs-pompiers de France, n°1085, janvier 2016.