Prolongement de décennies de lutte, les incarcérations de djihadistes se multiplient en Europe et posent aux autorités des défis auxquels aucune solution satisfaisante n’est proposée. En effet, les projets visant à déradicaliser les détenus sont complexes et que leur efficacité reste à démontrer, alors qu’il s’agit de gérer une population carcérale comprenant, hommes et femmes confondus, des dizaines d’individus à la dangerosité réelle.

Les craintes initiales, dès la fin des années 90, portaient sur la capacité des islamistes radicaux en détention à recruter de nouveaux volontaires pour la cause. Émergea également la menace de les voir, malgré les précautions prises, planifier des opérations et constituer de nouveaux réseaux. En raison de leur faible nombre, ils ne représentaient cependant alors qu’un danger parmi d’autres.

Depuis le milieu des années 2000, la première génération de volontaires des filières irakiennes puis tous les jihadistes arrêtés après 2012 et l’émergence du théâtre syro-irakien sont venus saturer un système qui souffrait déjà. Les prisons, dont le taux d’occupation dépasse parfois en France les 200 %, sont devenues de véritables incubateurs1. Non seulement on y recrute de nouveaux membres, non seulement on y prépare des attentats, mais désormais on y prépare des attaques devant se dérouler dans l’enceinte même des établissements2.

Sources
  1. FELKOWSKI Jérémy, Des Prisons à l’organisation de l’État islamique, Orient XXI, 16 avril 2018.
  2. VINCENT Élise, Prison d’Osny : le djihad derrière les barreaux, Le Monde, 29 juin 2017.