Sofia. Le 17 mai, à Sofia, se tenait le sommet Union Européenne-Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Monténégro, Macédoine, Kosovo). L’objectif principal était d’« examiner les moyens d’améliorer les liens [de l’Union] avec la région des Balkans occidentaux et en son sein » a expliqué Donald Tusk (1). La déclaration officielle qui fait suite aux concertations stipule que « la priorité sera donnée à la sécurité énergétique, notamment grâce à l’amélioration de l’efficacité énergétique et des interconnexions transfrontières, à la diversification des sources et des voies d’approvisionnement » (2).

Dans cette optique, deux projets de gazoducs sont à l’ordre du jour : l’Interconnector Greece-Bulgaria (IGB) et le Ionian Adriatic Pipeline (IAP), d’une capacité de 3, possiblement 5 bcm (milliards de mètre cubes) de gaz naturel par an pour le premier, et 5 bcm pour le second. Ces deux projets ont pour objectif de faire remonter le gaz du Trans Adriatic Pipeline (TAP) vers les marchés d’Europe centrale et orientale et font donc partie intégrante du Corridor sud. Le gaz de l’IGB continuerait sa route vers la Roumanie voire même potentiellement jusqu’en Ukraine. L’IAP traverse quant à lui l’Albanie, le Monténégro, la Bosnie-Herzégovine et finit en Croatie au niveau du futur terminal GNL de l’île de Krk.

Si ces projets sont fortement soutenus par l’Union et les Etats-Unis, la région est également la cible des intérêts russes. Le président bulgare l’a rappelé en exprimant son désir d’un « Bulgarian Stream » dans Kommersant, seulement quatre jours après le sommet de Sofia. Bulgarian Stream n’a de nouveau que le nom puisqu’il désigne la seconde branche du TurkStream dont le tracé est encore incertain.

En parallèle du bras de fer entre l’Union, les Etats-Unis et la Russie, la Turquie entretient également ses positions dans la région. En témoigne le meeting tenu par Erdogan à Sarajevo trois jours après le sommet de Sofia. La Turquie devient le pont énergétique incontournable pour l’approvisionnement européen, les Balkans, le coude permettant à cette énergie d’atteindre l’Union.

Perspectives :

  • Fin 2018, la construction du deuxième tronçon du Turkstream devrait débuter. L’IGB devrait entrer en opération en 2020. Pour le IAP, les estimations sont encore plus floues. Sa construction ne devrait pas commencer avant 2020-2021.

Sources :

  1. Conseil de l’Europe, Intervention du président Donald Tusk à l’issue du sommet de UE-Balkans occidentaux, 17/05/2018.
  2. Conseil de l’europe, Déclaration de Sofia du sommet UE-Balkans occidentaux , 17/05/2018
  3. Russia ready to consider gas projects with Bulgaria — minister, TASS, 22/05/2108
  4. GLAMOTCHAK Marina, L’enjeu énergétique dans les Balkans, stratégie russe et sécurité européenne, Editions Technip, 2013.