Milan. Épargnée depuis des années par la menace jihadiste, l’Italie est volontiers présentée comme une exception alors que depuis des années, sinon des décennies, des attentats sont régulièrement commis en Europe occidentale.

Utilisé dans les années 90 par les réseaux maghrébins comme base arrière, le pays sut mettre à profit l’expérience de ses services de sécurité pour démanteler les cellules logistiques qui soutenaient le GIA algérien puis déjouer, en 2001, un ambitieux projet d’attentat contre l’ambassade de des États-Unis à Rome.

Les raisons pour lesquelles l’Italie a été bien moins touchée que ses partenaires par le phénomène des volontaires rejoignant, à partir de 2012, le théâtre syro-irakien fait encore l’objet de recherches. Seules quelques dizaines d’Italiens ont combattu dans les rangs d’Al Qaïda ou de l’Etat islamique, loin des centaines, voire des milliers, de Français, Belges, Allemands ou Britanniques.

Les signaux inquiétants, cependant, s’accumulent. Depuis deux ans, plusieurs attentats, notamment à Venise et à Rome, ont été évités grâce à l’efficacité des services et le pays ne semble plus être seulement une zone de confort où pouvaient opérer financiers et logisticiens. Dans les prisons italiennes, le nombre de détenus en voie de radicalisation a augmenté de 72 % entre 2016 et 2017, et les responsables de la sécurité intérieure ne cachent pas leur inquiétude.

Sources :

  1. MARONE Francesco, Jihadist Radicalization and Terrorism in Italy : A Happy Exception ?, European Eye on Radicalization, 16 mars 2018.
  2. VIDINO Lorenzo, « Home-Grown Jihadism in Italy : Birth, Development and Radicalization Dynamics », Milan, Istituto per gli Studi di Politica Internazionale, 2014.