Élargissements et voisinages de l’Union    : résultats, enseignements, questionnements

Le 16 mai se tient à Tirana le sixième sommet de la Communauté politique européenne. 

Lancée en 2022 par Emmanuel Macron à l’occasion de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, elle avait été pensée en réaction à l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine. Aujourd’hui, les Européens font face à une autre menace — la prise de pouvoir à Washington d’un groupe d’hommes qui veulent renverser la démocratie et prendre le contrôle de la mondialisation.

Pour accompagner cette séquence diplomatique intense, nous publierons aujourd’hui et dans les prochains jours un dossier sur le bilan de vingt années de politiques d’élargissement et de voisinage coordonné par René Leray et Stefano Manservisi. Au moment où le continent doit sortir de sa torpeur stratégique et réussir sa transition géopolitique, les onze textes qui le constituent sont une boussole essentielle.

L’Union dans le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan : de l’absence à l’impuissance

Europe

Dix ans de migration dans l’Union : de l’« intangible dignité humaine » à l’« Europe forteresse »

Europe
Long format

En s’élargissant, l’Union s’est aussi désarmée.

Alors qu’elle semble réveillée de son sommeil post-historique, elle doit rapidement répondre à une violence directe et ciblée contre elle depuis l’Est et à la montée d’un ressentiment dangereux au Sud.

Réintégrer le risque, développer des capacités militaires, refaire de la politique  : l’amiral Pascal Ausseur propose un manuel de survie européen.

L’Union européenne a vécu dans une illusion en pensant être un pôle fort du monde post-guerre froide.

À partir des années 2010, elle a été frappée par un affaiblissement géopolitique et économique dans ses voisinages — où le ring of friends qu’étaient supposé construire les partenariats méditerranéen et oriental s’est transformé en un ring of fire.

Pour sortir de l’impasse de la westlessness, l’Union devrait jouer de sa spécificité au sein du groupe occidental.

Médiation des conflits bilatéraux. Mise en œuvre de la méthode d’adhésion graduelle. Insuffisance du plan de croissance.

Du Monténégro à la Serbie en passant par l’Albanie, la Macédoine du Nord, la Bosnie-Herzégovine ou le Kosovo, plusieurs problématiques fragilisent le processus encore très hétérogène d’élargissement de l’Union aux Balkans occidentaux.

Au-delà de l’adaptation des pays candidats, François Lafond appelle à réactualiser la réflexion autour d’une «  souveraineté européenne  » invitant à dépasser le seul horizon national — qui se pose y compris au cœur des États membres.

Face à la synthèse impériale islamo-nationaliste incarnée par Erdoğan, l’OTAN et l’Union ont fait preuve de passivité — voire d’aveuglement.

La politique étrangère ouvertement révisionniste de l’AKP va à l’encontre des valeurs européennes.

Tout en continuant de viser une relation améliorée et apaisée, l’Union ne peut pas exclure, à court terme, une politique de fermeté envers Ankara.

Le budget et l’élargissement ont des destins liés dans la construction européenne.

Aux côtés de l’instrument d’aide de pré-adhésion, de nouveaux mécanismes voient le jour depuis le début de la guerre en Ukraine — afin d’ancrer le soutien financier à l’Ukraine dans la perspective d’une adhésion européenne.

Entre l’intensification du soutien aux pays candidats et l’engagement en faveur du redressement économique de l’Ukraine, l’Union devra à n’en pas douter continuer à faire preuve d’imagination budgétaire dans les années à venir.

Pensée pour tout offrir «  sauf les institutions  » selon le mot de Romano Prodi, la politique de voisinage européenne s’est brisée dans les engrenages bureaucratiques et l’illusion du soft power.

De la Crimée à la Tunisie, de la Syrie au Sahel, l’Union a perdu la main — et parfois même la parole.

Pourtant, elle a plus que jamais besoin de s’unir pour comprendre qui sont ses voisins et comment les traiter.

En ce jour de sommet de la Communauté politique européenne, Stefano Manservisi propose des pistes clefs.

Présenté comme un succès géopolitique et économique, le grand élargissement de 2004 est aujourd’hui rattrapé par des fractures démocratiques et stratégiques qu’il n’avait pas anticipées.

Dans une étude historique, Pierre Mirel en retrace les promesses, les angles morts et les leçons — alors que l’Europe, secouée par la guerre et la rivalité des empires, doit repenser ses frontières et son projet.

Une archive stratégique, à lire alors que s’ouvre à Tirana le Sommet de la Communauté politique européenne.

À l’Est, le retour de la guerre.

Au Sud, des recompositions sécuritaires.

Partout aux frontières de l’Europe, la concurrence stratégique de puissances tierces menace de déstabiliser le continent.

L’Union ne peut plus penser ses marges uniquement comme des périphéries à intégrer.

Pour Pierre Vimont, la politique de voisinage doit commencer à parler le langage de la géopolitique.