Doctrines de la Russie de Poutine

L’invasion de l’Ukraine a changé le monde — elle a aussi changé la Russie et Poutine.

Comment percer le brouillard de guerre ? Comment comprendre la transformation interne des récits, des structures et des doctrines du poutinisme ?

Avec la spécialiste Marlène Laruelle, nous publions chaque samedi des traductions introduites et commentées de textes clefs.

Après Poutine et la guerre d’Ukraine, l’architecture de sécurité européenne vue de Moscou

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Devant les engrenages technocratiques de la diplomatie russe, Vladimir Poutine a prononcé ce vendredi un discours important qui actualise le concept stratégique de la Russie  : de l’arsenalisation du Sud Global à une nouvelle ouverture aux «  peuples d’Europe  » et aux forces politiques qui auraient remporté les Européennes du 9 juin — jusqu’à une «  proposition de cessez-le-feu  » qui lui permettrait d’avaler un quart du territoire ukrainien.

Sur Youtube, une icône pop reçoit un dirigeant religieux ultra-conservateur. Il soutient qu’il y a une continuité entre la résistance de Byzance à l’Occident et la politique étrangère russe  ; que l’invasion de l’Ukraine était prophétisée par les «  starets  »  ; qu’autant d’années nous séparent du début de la perestroïka que les quarante où Moïse a marché dans le désert.

Pour prendre la mesure de la politisation de l’Église orthodoxe, nous traduisons et commentons les échanges entre Ksenia Sobtchak et le métropolite Tikhon — fidèle de Poutine et probable successeur du patriarche Kirill.

Hier, dans la capitale du Tatarstan, s’est achevé le plus important événement de l’année consacré au monde musulman en Russie.

De l’importance stratégique du marché halal à la doctrine de l’eurasisme en passant par la place de l’islam dans «  l’État-civilisation  » russe, nous revenons en 10 points sur l’arrière-plan politico-religieux du Forum de Kazan.

En Russie, des intellectuels conservateurs non inféodés à Poutine débattent de l’hypothèse d’une Europe «  effrontée  » qui pourrait rechercher l’alliance avec Moscou. En opposant une «  Europe de Popper  » à une «  Europe de Spengler  », ils donnent à voir la controverse qui tiraille les tenants d’une Russie-civilisation contre ceux qui veulent croire à «  l’Occident d’après  ».

Depuis l’échec de l’invasion de l’Ukraine, des faucons influents à Moscou veulent dynamiter un concept nucléaire ossifié, hérité de la guerre froide. Pour comprendre la radicalisation de la rhétorique dans le débat stratégique russe, nous traduisons et commentons pour la première fois ce texte clef signé Dmitri Trenin.

Pour contrer l’Occident, l’architecte intellectuel de la ligne dure du Kremlin a un concept  : la «  Majorité mondiale  ». Dans un rapport en 55 pages, Sergueï Karaganov expose point par point sa stratégie pour «  articuler les échelles  », arsenaliser le Sud global et assurer l’hégémonie russe sur la planète. Nous publions intégralement et pour la première fois en français le document de politique étrangère russe le plus complet et le plus important depuis la doctrine Primakov—commenté par Marlène Laruelle.

Pas d’opposition, pas de campagne. Le 29 février dernier, devant l’Assemblée fédérale de Russie, Poutine n’a pas menacé le monde d’une attaque nucléaire. Il s’est d’abord adressé aux Russes qui votent aujourd’hui — et qui le rééliront majoritairement. Alors que la Russie est prise dans une guerre qui s’étend à l’Ouest, Poutine multiplie les annonces chimériques et promet aux Russes une vie normale.