Lors d’un sommet historique sur la Birmanie samedi 24 avril à Jakarta (Indonésie), les dirigeants de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), traditionnellement attachés au principe de non-ingérence, se sont entendus sur un plan visant à mettre fin au cycle infernal des manifestations-répressions, dans lequel s’est engagée la Birmanie depuis le coup d’État militaire du 1er février dernier. Si le consensus et le dialogue diplomatique sont les maîtres-mots à Jakarta, la terreur politico-militaire instaurée par le nouveau régime à Yangon bâillonne toute opposition à l’intérieur des frontières et réprime violemment toute contestation.
Lundi 1er février, l’armée a pris le pouvoir en Birmanie et déclaré l’état d’urgence pour un an. Ce coup d’État est-il appelé à se transformer en prise de pouvoir permanente, marquant ainsi la fin de la transition démocratique entamée dans ce pays depuis plus de dix ans ? Deux clés d’analyse peuvent permettre d’apporter des éléments de réponse : l’étude des forces politiques en présence au sein d’un pays qui hérite, par son histoire, d’un régime politique singulier, et celle des enjeux géopolitiques liés à la résolution de cette crise.
Après avoir vécu l’épidémie de COVID-19 à distance, de l’autre côté de sa frontière avec la Chine, la Birmanie a rapidement été rattrapée par le virus, même si les chiffres demeurent relativement bas. Surtout, la crise révèle combien la Birmanie s’inscrit dans la zone d’influence chinoise : elle constitue un carrefour essentiel des Nouvelles routes de la soie.