Bernard Marchadier

Linguiste et auteur

Linguiste, spécialiste des langues slaves et de la pensée russe, il est l'auteur d'un recueil d'aphorismes, Notes claires pour une époque fumeuse , et traducteurs de penseurs russes (Serge Boulgakov, Vladimir Soloviev).


En 1579, alors que les succès polono-lituaniens sur le champ de bataille s’accumulent, un tournant décisif se produit. Après trois semaines d’un siège éprouvant, Polotsk, arrachée par les Russes seize ans plus tôt, est enfin reconquise. Fort de cette victoire, le prince Kourbski, animé d’une détermination renouvelée, s’attelle à écrire deux lettres passionnées à Ivan le Terrible, les dernières de leur intense correspondance. Elles marquent la fin d’une série d’échanges épistolaires fascinants, révélant les tensions et les transformations d’une époque tourmentée.

Septième épisode de notre série d’été  :«  Doctrines du premier tsar  : lettres retrouvées d’Ivan le Terrible  ».

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En 1578, en pleine tourmente militaire, l’armée polono-lituanienne lance une contre-offensive éclatante contre les Moscovites, inversant les gains substantiels réalisés l’année précédente. Ce retournement offre à Andreï Kourbski l’occasion parfaite de répondre de manière incisive à la dernière missive d’Ivan le Terrible. Avec une humilité savamment calculée, Kourbski clame son souhait d’éviter toute dispute avec le grand-prince — laissant le jugement final à la divine providence.

Sixième épisode de notre série d’été  :«  Doctrines du premier tsar  : lettres retrouvées d’Ivan le Terrible  »

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En 1577, fort de ses succès militaires lors de sa nouvelle campagne en Livonie, Ivan le Terrible reprend la plume après un silence de treize ans. Dans cette seconde lettre, le premier tsar lance un acte d’accusation et une justification  : se plaçant en victime, il affirme que d’incessantes oppositions auraient forgé sa sévérité et renforcé sa détermination—et que, pour preuve, Dieu serait à ses côtés.

Cinquième épisode de notre série d’été  :«  Doctrine du premier tsar  : lettres retrouvées d’Ivan le Terrible  »

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Dans la dernière partie de sa première lettre, Ivan le Terrible est encore déchiré entre ses deux hypostases  : le souverain invincible et le bon chrétien. Après avoir tonné et fulminé dans les sections précédentes, le tsar s’acharne désespérément à blanchir son nom et à dévaloriser tous les faits d’armes de Kourbski. Il défend ardemment son autorité légitime, justifiant les châtiments infligés comme nécessaires pour maintenir l’ordre et la justice. Multipliant des citations scripturaires sans fin, il invoque la justice divine, convaincu que ses actions seront sanctifiées par Dieu.

Ivan le Terrible continue son offensive contre le prince Kourbski. La deuxième partie de la lettre nous plonge dans la vie tourmentée du tsar révélant les complots, les trahisons et les luttes de pouvoir qui ont marqué son règne. Ivan lamente ses souffrances depuis son enfance, les attaques des ennemis étrangers et les manigances des boyards qui ont usurpé le pouvoir. À travers ce récit, Ivan justifie ses actions pour défendre et consolider son autorité, en se montrant impitoyable contre ses ennemis.

En juillet 1564, en proie au courroux, Ivan le Terrible envoie une longue lettre de réponse à Andreï Kourbski. Ce texte, devenu un classique, dévoile crûment la logique impitoyable du despote. Saturée de malédictions, d’analogies bibliques et de fioritures linguistiques, cette lettre a un but — justifier le droit absolu de régner sans entrave. Nous la publierons en trois volets.

Deuxième épisode de notre série d’été  : «  Doctrines du premier tsar  : lettres retrouvées d’Ivan le Terrible  » à lire cette semaine dans nos pages.

Mai 1564, en pleine tourmente de la guerre de Livonie, un messager parvient à Moscou. Malgré d’atroces tortures, il meurt sans trahir aucun secret. Sa mission est accomplie  : livrer la première lettre du prince Andreï Kourbski à Ivan le Terrible. C’est ainsi que débute une correspondance qui s’étendra sur quinze années. Dans ces échanges passionnés et féroces, deux visions du monde s’affrontent, deux paradigmes politiques et poétiques s’entrechoquent, jetant les bases écrites de la samoderzhaviye — l’autocratie russe.