L’invasion de l’Ukraine par la Russie a violemment et soudainement superposé les rivalités entre grandes puissances et la question de la transition écologique en Europe, puisque la mesure de rétorsion la plus radicale que pourraient prendre les Etats de l’Union européenne à l’encontre de la Russie serait d’arrêter d’importer des hydrocarbures russes.
D’un côté, une telle situation semble être une bonne nouvelle pour la transition énergétique, puisque l’indépendance vis-à-vis des hydrocarbures est désormais perçue comme un élément essentiel de la souveraineté politique. D’un autre côté, accélérer la transition sur la base d’un conflit presque ouvert avec la Russie rend difficilement envisageable une transition écologique universelle, sur le modèle des COP21 et COP26. La transition écologique va-t-elle prendre la forme d’une rivalité entre puissances en quête d’indépendance énergétique ? N’y a-t-il pas un risque à abandonner l’objectif d’une transition écologique universelle qui rapprocherait l’ensemble des Etats du monde ?
Comment l’Union européenne doit-elle se positionner dans cette situation ? S’agit-il d’une opportunité pour elle de mettre en place, de façon plus rapide et ambitieuse que prévue, le Green Deal européen, que présentait et défendait Laurence Tubiana dans un article paru dans nos colonnes ? Si l’Union européenne montre que disposer de sources d’énergie vertes locales est aussi un outil de sécurité internationale, ne pourra-t-elle pas plus aisément défendre son modèle de transition auprès des autres pays du monde ?
Enfin, quel impact cette intense compétition énergétique pourrait avoir sur nos modèles de société ? D’un côté, les populations européennes pourraient avoir à assumer le coût de la transition énergétique et d’un arrêt des importations de Russie, qui devraient provoquer une hausse brutale du coût de l’énergie. D’un autre côté, la fin hypothétique des importations d’hydrocarbures risque aussi de fragiliser les Etats dont le fonctionnement repose en grande partie sur la redistribution de la rente pétrolière et gazière, comme la Russie.
Pour répondre à ces questions, nous aurons le plaisir et l’honneur de recevoir :
• Laurent Fabius, Président du Conseil constitutionnel français, ancien Président de la COP21, ancien Premier ministre, ancien Ministre des affaires étrangères et du développement international ;
• Laurence Tubiana, Directrice de la European Climate Foundation, ancienne représentante spéciale du gouvernement français pour la COP21.
L’événement se déroulera à l’Ecole Normale Supérieure, au 45 rue d’Ulm, en salle Dussane.
L’article de Laurence Tubiana fait partie du premier volume imprimé du Grand Continent, Politiques de l’interrègne, à paraître chez Gallimard le 24 mars, et disponible à la précommande ici.
Les inscriptions sont obligatoires à ce lien.
