Beaucoup d’éditeurs, notamment en France, ont préféré décaler leurs parutions en janvier.
Cette sélection mêle des titres à paraître en décembre et d’autres déjà parus ou à paraître fin novembre. C’est l’occasion de profiter de la réouverture des librairies. Et si vous ne trouviez pas dans cette liste votre bonheur, les livres d’octobre et de novembre sont toujours là.
Eric Mottet, La Puissance décomplexée de la Chine, Presses de l’université de Montréal
« Dans moins d’une génération, l’ordre géopolitique et géoéconomique mondial sera manifestement différent de celui que nous connaissons aujourd’hui, ces dynamiques à l’œuvre étant le résultat de la puissance décomplexée de la Chine et des « nouvelles routes de la soie ». Amorcé en 2013, le mégaprojet Belt and Road Initiative (BRI), avec pour objectif le déploiement à partir de la Chine d’un ensemble multiforme d’initiatives économiques, commerciales, géopolitiques, diplomatiques et normatives, suscite spéculations et inquiétudes. Il vise la construction d’importantes infrastructures de transport reliant la Chine au reste du monde, tout en développant des flux commerciaux et en améliorant la connectivité entre la Chine et des régions qu’elle vise pour ce faire. À la fois projet commercial ambitieux, plan « civilisationnel » pour faire de la Chine une puissance d’envergure mondiale, le BRI annonce irrémédiablement un nouveau rapport de force international. »
Chiara Cordelli, The Privatized State, Princeton University Press
« De nombreuses fonctions gouvernementales – de la gestion des prisons et de l’aide sociale à la guerre et à la réglementation financière – sont aujourd’hui déléguées à des entités privées. Dans ce livre, Chiara Cordelli soutient que la privatisation constitue une régression vers un état pré-civil, ce que les philosophes appelaient il y a des siècles un « état de nature ». Développant un argumentaire en faveur de l’État démocratique et de son appareil administratif, elle montre comment la privatisation reproduit les mêmes défauts que les penseurs du siècle des Lumières attribuaient à la condition présociale et que seules des institutions politiques correctement constituées peuvent surmonter. Le livre montre comment la privatisation sape la raison même de l’existence des institutions politiques et plaide en faveur d’une nouvelle façon d’administrer les affaires publiques, plus démocratique et plus juste. »
Paru le 24 novembre
Brigitte Studer, Reisende der Weltrevolution. Eine Globalgeschichte der Kommunistischen Internationale, Suhrkamp
« L’histoire du XXe siècle ne peut être comprise sans l’histoire du communisme. Avec la création de l’Internationale communiste en 1919, un projet révolutionnaire a pris forme qui s’appuyait sur une avant-garde puissamment organisée et mise en réseau à l’échelle mondiale. En s’intéressant plus particulièrement à un groupe d’hommes et de femmes engagés au niveau transnational, Brigitte Studer brosse un tableau général du Komintern dans une perspective mondiale – de Moscou et Berlin à Bakou et Tachkent, en passant par Wuhan et Shanghai. Elle montre la division du travail du Komintern, les expériences, les espoirs et aussi les déceptions de ceux pour qui la révolution était un travail et un but dans la vie. »
Paru le 16 novembre
Nigel Inkster, The Great Decoupling. China, America and the Struggle for Technological Supremacy, Hurst
« Pendant une grande partie de l’histoire, la Chine a été une puissance scientifique et technologique de premier plan. Mais au moment où l’Occident s’est éveillé, la Chine s’est repliée sur elle-même et a manqué la révolution industrielle. Il en est résulté un « siècle d’humiliation » et une longue lutte pour définir une identité civilisationnelle moderne mais clairement chinoise. Aujourd’hui, l’innovation technologique est revenue au cœur de la fierté et de l’ambition nationales. Depuis les années 1980, les réformes ont fait de la Chine la deuxième économie mondiale et une puissance d’envergure planétaire. Le cyberespace et d’autres technologies de pointe sont devenus un champ de bataille pour la domination internationale ; mais le monde d’aujourd’hui repose sur les chaînes d’approvisionnement mondiales et la collaboration interétatique – du moins, pour l’instant. Les tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine pourraient entraîner le découplage des technologies des deux superpuissances, ce qui aurait des conséquences importantes pour l’avenir de l’humanité. »
Parution le 10 décembre
Ezio Mauro, La dannazione. 1921. Cronache dal Congresso di Livorno, Feltrinelli
« Le 17e congrès du parti socialiste italien s’est tenu à Livourne, car la tension à Florence était très forte. La ville était déjà aux mains des fascistes. C’était le 15 janvier 1921. Ils ont discuté des 21 points de Lénine avec lesquels l’Internationale communiste dictait les règles à chaque parti qui voulait l’intégrer. Le débat a duré une semaine. Dans l’histoire mouvementée de l’affrontement au sein du mouvement ouvrier international, le point de non-retour est arrivé : tout compromis entre révolutionnaires et réformistes est interdit. La Révolution est passée par là, la guerre est terminée, le spectre du communisme prend désormais la forme d’un État, mais un nouveau monstre devient de plus en plus menaçant. La marche sur Rome est à moins de sept cents jours. De la scission de Livourne, le 21 janvier 1921, naît le Parti communiste italien, dirigé par Bombacci, Bordiga, Damen, Fortichiari, Gramsci et Terracini. »
Paru le 19 novembre
Vernon Bogdanor, Britain and Europe in a Troubled World, Yale University Press
« La Grande-Bretagne fait-elle partie de l’Europe ? Les Britanniques sont ambivalents sur cette question depuis la Seconde Guerre mondiale, lorsque les nations d’Europe occidentale ont cherché à empêcher le retour du fascisme en créant des liens internationaux forts sur tout le continent. La Grande-Bretagne a rejoint à contrecœur le Marché commun, la Communauté européenne et, finalement, l’Union européenne, mais ses décennies d’adhésion ne l’ont jamais vraiment amenée à accepter une orientation européenne. Selon Vernon Bogdanor, la question de la relation de la Grande-Bretagne avec l’Europe est enracinée dans « le conflit majeur de notre époque », à savoir le conflit entre les religions concurrentes du libéralisme et du nationalisme. »
Paru le 24 novembre
Alexander Morrisson, The Russian Conquest of Central Asia. A Study in Imperial Expansion, 1814-1914, Cambridge University Press
« La conquête russe de l’Asie centrale a peut-être été l’exemple le plus spectaculaire et le plus réussi d’expansion impériale européenne au XIXe siècle, ajoutant 1,5 million de kilomètres carrés et au moins 6 millions d’habitants – pour la plupart musulmanes – aux domaines du tsar. Des premiers conflits à la frontière de la steppe dans les années 1830 à l’annexion des Pamirs au début des années 1900, Alexander Morrisson donne un compte-rendu détaillé de l’histoire logistique et opérationnelle des guerres russes contre le Kokand, Boukhara et Khiva, de la prise de Tachkent et de Samarcande, de la sujétion sanglante des Turkmènes, ainsi que des relations diplomatiques russes avec la Chine, la Perse et l’Empire britannique. S’appuyant sur des recherches d’archives en Russie, au Kazakhstan, en Ouzbékistan, en Géorgie et en Inde, des mémoires et des chroniques islamiques, ce livre explique comment la Russie a conquis un empire colonial en Asie centrale, avec des conséquences qui résonnent encore aujourd’hui. »
Parution le 10 décembre
Sandra Rendgen, Le système Minard. Anthologie des représentations statistiques de Charles-Joseph Minard, B42
« Pionnier en matière de représentation de données statistiques, l’ingénieur français en génie civil Charles-Joseph Minard a fait de ses cartes et tableaux des outils permettant de comprendre les bouleversements sociaux et économiques qui transforment l’Europe et le reste du monde à l’heure de la révolution industrielle de la seconde moitié du XIXe siècle. Si la remarquable carte de flux qu’il a créée pour représenter la campagne de Napoléon en Russie est considérée comme l’une des plus extraordinaires visualisations de données jamais produites, son œuvre, autrement plus étendue, demeure méconnue. Minard a produit un ensemble de représentations statistiques dont l’influence est aujourd’hui encore sensible dans le champ des représentations graphiques et visuelles de données. Le Système Minard met en lumière les processus mis en œuvre dans leur invention. L’ouvrage, qui fait le portrait de l’homme et retrace sa carrière, reproduit les remarquables dessins de la collection de l’École nationale des ponts et chaussées de Paris où il fut enseignant et donne à voir pour la première fois l’intégralité de ses réalisations. »
Paru le 20 novembre
Ricardo García Cárcel et María de los Ángeles Pérez Semper (dir.), Catalanes en la historia de España, Ariel
« À travers les biographies de quatorze Catalans des temps modernes et contemporains, la dialectique hispano-catalane est explorée dans tous ses moments historiques de collaboration et de conflit. Ces quatorze personnages sont représentatifs d’une Catalogne regardant l’Espagne d’un point de vue intégratif et inclusif. Au final, la leçon de ce livre est que la Catalogne et l’Espagne se doivent mutuellement beaucoup. »
Paru le 10 novembre
Bernard Hautecloque, Juillet 1893. Le mai 68 de la IIIe République, Éditions du Félin
« Les émeutes étudiantes du Quartier latin, en Juillet 1893, sont aujourd’hui à peu près totalement disparues des mémoires. Les premiers jours de ce mois, à la suite d’une « bavure » policière, la communauté étudiante de Paris, alors peu nombreuse mais très solidaire, volontiers brutale et frondeuse, s’insurgea, érigea des barricades, pratiqua une véritable guérilla urbaine contre les forces de l’ordre. Fidèle à leurs traditions, les étudiants formaient une communauté fière de son originalité, souvent turbulente et il ne s’écoulait guère de mois sans qu’aient lieu des charivaris bruyants, des bagarres et des échauffourées qui pouvaient dégénérer et prendre la figure de véritables émeutes. La plus violente fut celle qui enflamma le Quartier latin, les premiers jours de juillet 1893. »
Paru le 10 novembre
