Helsinki. La réunion bilatérale qui s’est tenue à Helsinki le 16 juillet entre Donald Trump et Vladimir Poutine a fait de la gestion de crise en Syrie l’un des principaux sujets de discussion, sans aucun doute l’un des sujets les plus tendu de l’ordre du jour. Alors que Washington et Moscou ont réaffirmé l’engagement diplomatique déjà pris concernant le maintien des zones de désescalade, l’hypothèse d’un nouveau compromis sur le sud-ouest de la Syrie, dans la région de Deraa, l’un des derniers bastions des factions rebelles, a émergé (1). Dans cette zone, les nouvelles offensives de l’armée syrienne provoquent un nouvel exode de la population. La province de Deraa est située à la frontière avec le plateau du Golan, sous contrôle israélien depuis 1967, et risque de devenir le théâtre d’une nouvelle escalade plus large impliquant Israël et l’Iran, si les milices iraniennes et les alliés du Hezbollah ne mentionnent pas leur désir de se retirer de la frontière.
C’est là qu’un compromis entre les Etats-Unis et la Russie semblerait nécessaire, au moins dans la perspective de faire pression sur leurs alliés respectifs pour éviter l’émergence de nouvelles tensions : Washington pourrait finalement accepter que le régime d’Assad reste au pouvoir, et peut-être même céder à une reconnaissance tacite de l’annexion de la Crimée, en échange de la garantie russe d’un retrait des milices iraniennes du champ de bataille pour rassurer l’allié israélien. Dans ce cadre, les attentes à l’égard d’Helsinki étaient celles d’une coopération russo-américaine renouvelée, essentielle à la résolution du conflit en Syrie.
Cependant, comme certains analystes l’ont souligné, les intentions exprimées par les deux dirigeants sont difficiles à concrétiser sur le terrain. L’intérêt principal de Vladimir Poutine en Syrie est de maintenir le régime en place, mais pas nécessairement de réduire la présence iranienne sur le territoire syrien (2). L’intensification des attaques d’Israël sur l’infrastructure militaire iranienne en Syrie, sans réaction de la part du Kremlin, montre que la Russie ne veut pas et ne peut pas forcer l’Iran à se retirer, comme l’avaient déjà montré les précédentes tentatives infructueuses de Netanyahu pour tirer parti de Poutine.
Perspectives :
- Le régime syrien a réussi à rétablir, avec l’appui de ses alliés, le contrôle d’environ 60 % de son territoire. Si cela suffit à déclarer une résolution imminente du conflit, les récentes évolutions sur le terrain, en particulier dans le sud du pays, pourraient provoquer de nouvelles tensions entre les acteurs régionaux impliqués.
- Malgré dialogue renouvelé entre les Etats-Unis et la Russie sur la question syrienne, l’implication d’autres puissances régionales semble rendre difficile la recherche d’un accord qui puisse être mis en œuvre en pratique. Bien que les deux puissances aient joué un rôle clé dans le conflit, elles semblent maintenant s’efforcer d’identifier des scénarios concrets afin d’y mettre fin.
Sources :
- PERTEGHELLA Annalisa, TAFURO AMBROSETTI Eleonora, Trump incontra Putin : il dialogo USA-Russia riparte da Helsinki ?, ISPI, 16 juillet 2018.
- The Soufan Group, Israel challenges Iran in Syria, 19 juillet 2018.