Londres. Le parti travailliste britannique et son leader, Jeremy Corbyn, sont sous pression pour modifier leur position, jugée trop ambigüe, sur le résultat du Brexit. Depuis 2016, le leader du parti a soutenu l’idée d’une sortie de la Grande Bretagne de l’UE et du marché unique.

La gauche défend aujourd’hui l’idée d’un second référendum, comme solution aux difficultés du gouvernement à trouver un consensus sur la négociation. C’est la base militante du parti, plus jeune, qui inspire et guide le revirement vers une position nette, ouvertement anti-Brexit. De récents sondages révèlent que 48 % des électeurs souhaitent retourner aux urnes pour trancher sur l’accord final (3).

Une grande manifestation s’est tenue le 23 juin dans les rues de Londres, à l’occasion du deuxième anniversaire du Brexit, avec la participation d’environ 100 000 personnes, invitant Jeremy Corbyn à soutenir la mise en place d’un second vote (5). L’organisation Momentum, mouvement né en 2010 qui a gagné de l’ampleur au même moment que Syriza en Grèce, les Indignés en Espagne et Occupy Wall Street aux États-Unis, acteur décisif dans l’élection de Jeremy Corbyn à la tête du parti et dans sa consolidation lors des élections de 2017 (2), a proposé d’organiser un sondage auprès des membres du Labour, lors de la conférence du parti prévue en septembre, sur l’éventualité d’un vote populaire sur l’accord de retrait (4).

Aujourd’hui, 37 000 membres de Momentum possèdent une carte du parti travailliste. L’influence de cette proposition est à mesurer à la lumière des lentes évolutions dans la négociation. La loi de retrait a finalement été promulguée fin juin, suite à de nombreuses controverses au Parlement, et une intensification dans la négociation est prévue durant l’été, notamment sur la question de la frontière irlandaise (1). Si Theresa May parvient à convaincre son propre cabinet de maintenir le Royaume-Uni dans l’union douanière et le marché unique, l’idée d’un second référendum pourrait rester dans l’ombre. La publication d’un Livre blanc sur la future relation commerciale entre le Royaume-Uni et l’UE est prévu le 9 juillet (6). C’est peut-être la dernière occasion pour la gauche britannique d’exprimer sa vision, opposée au Brexit, qui constituerait une marche-arrière à 360 degrés.

Perspectives :

  • La conférence du parti travailliste qui doit se tenir au mois de septembre pourrait révéler un changement de position sur la question du Brexit.
  • La publication d’un Livre blanc sur les futures relations commerciales entre l’UE et le Royaume-Uni est prévue le 9 juillet.

Sources :

  1. BLITZ James, Labour party activists are turning against Brexit, The Financial Times, 3 juillet 2018.
  2. CHESNAIS François, Jeremy Corbyn, la reconquête du Parti travailliste par la gauche et ses perspectives gouvernementales, Investig’action, 1er mai 2018.
  3. KENTISH Benjamin, Almost half of British people want a second referendum on Brexit, new polls find, The Independent, 23 juin 2018.
  4. Brexit. La loi sur le retrait de l’Union européenne promulguée au Royaume-Uni, Ouest-France avec AFP, 26 juin 2018.
  5. SAVAGE Michael, GRAHAM-HARRISON Emma, Huge anti-Brexit demonstration throngs central London, The Guardian, 23 juin 2018.
  6. L’agenda européen : Plénière du Parlement européen, livre blanc sur le Brexit, sommet de l’OTAN à Bruxelles, Touteleurope.eu, 2 juillet 2018.