Londres. Réunis à huis-clos au manoir de Chequers, la résidence des premiers ministres britanniques, les 29 ministres du gouvernement May se sont mis d’accord le vendredi 6 juillet sur une position commune sur l’avenir des négociations avec Bruxelles. Cet accord reflète la volonté de May de faire désormais parler ses ministres d’une seule voix pour soutenir des mesures allant largement dans le sens d’un “Brexit doux” : création d’une zone de libre-échange entre le Royaume-Uni et l’UE, définition de règles communes pour les biens industriels et les produits agricoles, établissement d’accords douaniers reposant sur une coopération forte avec l’UE malgré la volonté affichée de sortir du marché unique (1). Ces propositions ont ensuite été détaillées dans le livre blanc publié le 12 juillet (2).

Le séminaire ministériel semblait donc dans un premier temps s’être déroulé sans heurts. Les ministres partisans d’une rupture franche dans les relations avec l’Union comme Boris Johnson, le ministre des Affaires étrangères, ou David Davis, chargé du Brexit, avaient plusieurs fois menacé de démissionner au cours des derniers mois, mais Theresa May avait réussi à maintenir l’unité de son gouvernement jusqu’à cette semaine.

Toutefois, refusant finalement de défendre la ligne fixée par la première ministre, Davis a démissionné dès dimanche soir, suivi par Johnson lundi. Déjà contestée, May est désormais menacée d’une rébellion des députés conservateurs opposés à sa politique, notamment les membres du European Research Group dont les 60 membres, au premier rang desquels Jacob Rees-Mogg, sont de fervent Brexiters. Ces députés pourraient choisir d’essayer de la renverser en provoquant l’élection d’un nouveau chef de file. Mais rien ne permet de penser qu’un autre candidat l’emporterait, car la plupart des députés conservateurs continuent de soutenir un “Brexit doux” et jugent les positions de Johnson irréalistes. Bien qu’ affaiblie, May demeure ainsi la seule à pouvoir assumer le rôle de première ministre et pourrait bien finalement ressortir renforcée de l’épreuve de force actuelle si Johnson échouait à la chasser de Downing Street (3).

Perspectives :

  • 13 juillet 2018 : visite de Donald Trump au Royaume-Uni. Les remarques récentes du Président des Etats-Unis à l’encontre de Theresa May peuvent continuer d’affaiblir la première ministre.
  • Jusqu’en mars 2019 : négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne

Sources :

  1. HM Government, Déclaration, 6 juillet 2018.
  2. HM Government, The Future Relationship between the United Kingdom and the European Union , Cm 9593, Londres : The Stationery Office, 12 juillet 2018.
  3. WAGER Alan et MENON Anand, How much trouble is Theresa May in ? Here’s the evidence, ukandeu.ac.uk, 11 juillet 2018.