Sergueï Riabkov, vice-ministre russe des Affaires étrangères, a donné un entretien ce vendredi 26 décembre à la chaîne de télévision publique Rossiya 1. Dans celui-ci, Riabkov remet ouvertement en question la souveraineté de l’Ukraine post-guerre en niant le rôle des dirigeants et de la population ukrainienne après la fin du conflit.
- Riabkov considère que la Russie « sera amenée à jouer un rôle important » dans l’avenir de l’Ukraine, notamment pour favoriser ou bien empêcher son « effondrement ».
- L’accord de cessez-le-feu qui pourrait émaner des négociations diplomatiques entre Washington, Kiev et Moscou servirait ainsi, selon Riabkov, à remodeler l’État ukrainien de manière à prendre en compte les « intérêts fondamentaux [russes] les plus profonds dans toutes leurs manifestations ».
- La position du Kremlin reste à ce jour maximaliste : changement de régime en Ukraine, fin de l’indépendance de Kiev.
Ces éléments de langage permettent de mettre en exergue une convergence.
- Les déclarations de Trump lors de la conférence de presse conjointe avec Zelensky du dimanche 28 décembre montrent la profondeur de la ligne narrative russe sur la présidence américaine.
- Donald Trump a ainsi déclaré : « La Russie veut aider. La Russie souhaite la réussite de l’Ukraine, cela paraît un peu étrange. Le président Poutine s’est montré très optimiste quant à la réussite de l’Ukraine ».
- L’idée que la Russie soit fondamentalement bienveillante vis-à-vis de « ses frères ukrainiens » a été analysée par Anna Colin Lebedev. Elle revient aujourd’hui comme un élément de cadrage narratif partagé.
Suite à sa rencontre avec Zelensky à Mar-a-Lago, Donald Trump avait dit « comprendre » le refus de Vladimir Poutine concernant la mise en place d’un cessez-le-feu.
- Selon le président américain, Poutine ne souhaiterait pas « être à la place » du dirigeant qui serait responsable d’une reprise des combats après un cessez-le-feu.
- Il ajoute : « Mais je comprends le président Poutine de ce point de vue. Vous savez, il faut comprendre l’autre partie. Et vous savez, je suis du côté de la paix. Je suis du côté de l’arrêt de la guerre » 1.
Lors de la dernière visite de Zelensky aux États-Unis, en octobre, Vladimir Poutine avait programmé un appel avec Trump la veille. La même chose s’est produite cette fois-ci.
- Les deux présidents ont ainsi mis fin à la période la plus longue sans contact direct officiel depuis le début de l’année. Leur dernier appel remontait au 16 octobre, soit plus de deux mois auparavant — le double de la période moyenne entre chaque appel, qui est de 34 jours.
- Aucune autorité américaine n’a rencontré le président Zelensky lors de son atterrissage à Miami. Il s’agit d’une possible marque d’égard vis-à-vis de Poutine, qui ne reconnaît pas Zelensky comme un chef d’État légitime.
- Les trois personnalités qui ont accueilli le président ukrainien étaient toutes des responsables ukrainiens : l’ambassadeur, l’attaché de défense et le ministre conseiller de Washington.
Malgré les sanctions et le mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, Trump avait rencontré Poutine en personne, sur un tapis rouge, à Anchorage en Alaska le 15 août. Il s’agissait de la première visite du président russe sur le sol américain depuis 2015, lorsqu’il avait rencontré Barack Obama et pris la parole devant l’Assemblée générale de l’ONU.
Sources
- « Trump says he understands Putin who questions need of ceasefire for Ukraine referendum », Tass, 29 décembre 2025.