Ce lundi 22 décembre, Donald Trump a nommé le gouverneur de la Louisiane envoyé spécial pour le Groenland. Dès sa nomination, Jeff Landry a déclaré vouloir « faire du Groenland une partie des États-Unis ».

Face à cette situation inédite entre alliés, la plupart des pays européens ont pris position pour soutenir le Groenland et le Danemark.

La majorité déclare une solidarité en deux temps qui concerne « le Danemark et le peuple du Groenland ». 

  • En contraste avec la position américaine, le Groenland n’est pas présenté comme un territoire disponible, mais comme un peuple inscrit dans une structure étatique particulière. 
  • Le ministre des Affaires étrangères français a été le premier à résumer cette position avec une formule largement reprise : « Le Groenland appartient à son peuple. Le Danemark en est le garant » (France).

Face à une prise de position polémique de nature géopolitique, le discours des Européens reste normatif et juridique. 

  • L’Union insiste sur le fait que « l’intégrité territoriale et la souveraineté sont des principes fondamentaux du droit international » et que ces principes valent « pour les nations du monde entier » 1.
  • Ce cadrage permet d’exprimer une dénonciation tout en évitant une confrontation plus directe. Il s’agit donc moins d’une stratégie de riposte que d’esquive, comme en témoigne le fait que la Haute représentante Kaja Kallas et la présidente de la Commission continuent de parler des États-Unis comme d’un « allié » et d’un « partenaire ».

On remarque également que plusieurs acteurs prennent en compte le narratif trumpien de « la sécurité arctique ».

  • L’Union évoque l’Arctique comme « une priorité clef », les Pays-Bas parlent d’un « intérêt clef de l’OTAN » et la Lituanie lie explicitement intégrité territoriale et « paix et stabilité globale » avant de mentionner le renforcement de la sécurité arctique. 
  • Seulement certains pays dont la Belgique établissent un lien avec l’Ukraine, en intégrant le dossier groenlandais à une lecture systémique des menaces contre l’ordre territorial international par des forces révisionnistes.

La plupart des messages se concentrent sur un procédural bien que substantiel, en répondant à la question : « Qui décide ? » 

  • La plupart des capitales répètent que la décision appartient au Danemark et au Groenland, sans pour autant menacer de conséquences toute ingérence qui pourrait faire pression sur la population très peu nombreuse du Groenland. 
  • L’Allemagne, par exemple, a fait savoir par la voix de la porte-parole du ministre des Affaires étrangères que « l’avenir du Groenland est entre les mains du peuple groenlandais, et que l’intégrité territoriale du Royaume du Danemark, dont le Groenland est une partie autonome, tout comme les îles Féroé, est incontestée et reste en vigueur » 2.

Le contraste reste frappant entre le positionnement convergent de la plupart des pays européens et le silence d’un certain nombre d’États membres.

  • L’Italie est bien sûr le principal pays qui n’a pas pris position. Avec la Hongrie de Viktor Orbán, le gouvernement de Giorgia Meloni est l’un des alliés les plus proches de Donald Trump en Europe, au point de faire l’objet d’une tentative d’ingérence visant à la faire sortir du cadre européen dans une version non publiée de la Stratégie de sécurité nationale.
  • Les autres pays (Autriche, Grèce, Hongrie, Bulgarie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Croatie, Chypre, Luxembourg) sont des acteurs secondaires dans ce dossier précis, soit en raison de leur éloignement géographique et stratégique du Danemark et de l’Arctique, soit d’un poids diplomatique plus limité sur les questions transatlantiques.
  • Le Groenland pourrait devenir un test de premier plan impliquant directement la relation transatlantique et l’OTAN.