Depuis le début de l’année, l’armée russe a conquis 3 800 km² de territoire ukrainien jusqu’au mardi 25 novembre, selon les données de Deep State, soit 350 km² par mois en moyenne. Avec 375 000 pertes environ (soldats tués, blessés ou capturés) selon l’État-major des forces armées ukrainiennes, cette progression se fait au prix d’un coût humain très élevé.

  • Au premier trimestre, lorsque la progression de l’armée russe était particulièrement lente, tandis que celle-ci subissait des pertes importantes, l’État-major russe sacrifiait jusqu’à 400 soldats pour progresser d’un kilomètre carré.
  • Dans une étude publiée en juin, le CSIS estimait que les forces armées russes n’ont avancé que de 50 mètres par jour en moyenne dans le secteur de Koupiansk entre novembre 2024 et avril 2025 — soit un rythme inférieur aux armées française et britannique durant la bataille de la Somme, en 1916 (80 mètres par jour) 1.
  • Ainsi, selon une estimation réalisée par le Grand Continent, l’armée russe perd environ 99 soldats pour chaque kilomètre carré supplémentaire conquis depuis le début de l’année.

Ces chiffres s’opposent au récit de Moscou qui vise à présenter la situation militaire en Ukraine comme étant radicalement à l’avantage de la Russie. Depuis 2023, si l’armée russe progresse plus vite que l’Ukraine ne parvient à réclamer son territoire, celle-ci n’a pas été en mesure de s’emparer d’une seule ville majeure.

La chute attendue de Pokrovsk, dans l’oblast de Donetsk, qui comptait 60 000 habitants en 2022, constituerait la victoire russe la plus importante depuis la prise de Bakhmout, en mai 2023.

  • S’il est erroné, le récit de la domination militaire totale de Moscou s’est pourtant immiscé dans les plans américains visant à mettre fin à la guerre et, plus largement, nourrit la posture diplomatique de Washington.
  • Comme le montre le plan en 28 points, rédigé majoritairement par la Russie puis défendu par l’administration Trump suite à sa divulgation, la Maison-Blanche considère que la Crimée et le Donbass devraient revenir à Moscou.
  • De la même manière, l’Ukraine devrait accepter des concessions allant du renoncement à l’adhésion à l’OTAN à des limites imposées à la taille de son armée.

En proposant de reconnaître internationalement l’oblast de Donetsk — dont environ un quart est toujours contrôlé par Kiev — comme appartenant à la Russie, l’administration Trump considère que la région reviendrait de droit à Moscou. Or, comme nous le montrions en octobre, il faudrait plus de deux ans et demi (31 mois) à l’armée russe pour conquérir le Donbass dans sa totalité, sur la base d’une avancée constante au rythme observé depuis le mois d’avril.

Sources
  1. Seth G. Jones et Riley McCabe, Russia’s Battlefield Woes in Ukraine, CSIS, 3 juin 2025.