Le plan américano-russe en 28 points, élaboré par les États-Unis et la Russie, bénéficierait principalement à Moscou et Washington. L’Europe, qui n’a pas participé à l’élaboration de ce document, se retrouverait à en assumer une grande partie du coût.

Les actifs russes gelés seraient ainsi utilisés principalement par les États-Unis.

  • Le document prévoit en effet que 100 milliards de dollars de ces actifs serviraient à financer les efforts de reconstruction et d’investissement en Ukraine. Washington récupérerait 50 % de ces bénéfices.
  • En septembre, le Parlement européen estimait que plus de 70 % de ces actifs gelés (soit 210 milliards d’euros) étaient détenus au sein de l’Union, majoritairement en Belgique 1.
  • Les actifs détenus par les États-Unis représentent quant à eux seulement 1,5 % du total, soit 4,3 milliards d’euros (5 milliards de dollars).

Le plan américano-russe va à l’encontre de l’objectif européen de recourir aux actifs gelés russes pour assurer un financement durable à Kiev. En plus de l’utilisation de 100 milliards de dollars pour la reconstruction du pays, le reste serait, selon le document, « investi dans un véhicule d’investissement américano-russe distinct qui mettra en œuvre des projets communs dans des domaines spécifiques ». Washington assume ainsi d’utiliser ces fonds pour « renforcer les relations et accroître les intérêts communs » entre les États-Unis et la Russie.

L’Union considère en effet utiliser les actifs russes gelés dans les États membres afin d’octroyer une aide financière à l’Ukraine, qui fait face à un déficit budgétaire de 135 milliards d’euros sur la période 2026-2027.

  • Dans une lettre adressée aux 27 le 17 novembre, Ursula von der Leyen appelait les États membres à considérer trois options : une aide non-remboursable basée sur des contributions bilatérales volontaires, un prêt à recours limité financé par l’Union ou bien un prêt financé par les liquidités provenant des actifs gelés.
  • La troisième option serait la moins contraignante pour les États membres, car elle ne créerait pas de nouvelle dette et n’aurait pas d’impact sur les trésoreries nationales.
  • La décision pourrait être prise lors du prochain Conseil, prévu pour les 18-19 décembre. Celui-ci pourrait toutefois être avancé, Trump ayant déclaré hier, vendredi 21 novembre, que le jeudi 27 novembre serait une limite « acceptable » pour que Zelensky prenne sa décision vis-à-vis du plan.

Dans l’état, le plan en 28 points laisserait les coûts de la reconstruction du pays à l’Europe qui, selon le plan, devrait « ajouter » 100 milliards de dollars.

  • Moscou, de son côté, n’aurait pas à payer pour la reconstruction du pays, bénéficierait d’une levée des sanctions et récupérerait les deux-tiers de ses actifs sous la forme d’investissements dans des projets russo-américains.
  • En février, la Banque mondiale estimait le coût de la reconstruction de l’Ukraine à 506 milliards d’euros 2. Cette estimation ne prend toutefois pas en compte les dégâts supplémentaires causés par la Russie depuis le début de l’année.