En raison du « refus du président Poutine de mettre fin à cette guerre absurde » en Ukraine, le département du Trésor américain a inscrit les deux géants pétroliers russes, Rosneft et Lukoil, sur la liste des entités sanctionnées le 22 octobre, tout en autorisant, via une licence générale, le wind down des transactions les impliquant jusqu’à vendredi 21 novembre.
À partir d’aujourd’hui, toute entreprise achetant du pétrole russe auprès de ces deux raffineurs s’expose ainsi à des mesures de rétorsion américaines.
- Plusieurs exemptions ont cependant été accordées par le Trésor américain, comme à la Hongrie, qui pourra continuer à se fournir en pétrole russe jusqu’en novembre 2026, et à la Bulgarie, jusqu’en avril 2026.
- Le week-end dernier, Washington a également annoncé la prolongation jusqu’au 13 décembre de la dérogation aux sanctions visant Lukoil. Contrairement à Rosneft, qui est contrôlée par le gouvernement russe, Lukoil a une structure plus complexe.
- Le géant pétrolier est la compagnie russe la plus présente à l’échelle internationale, avec des activités allant des États-Unis jusqu’au Kazakhstan.
Les principales cibles des sanctions américaines se trouvent toutefois en Asie. En octobre, la Chine (47 % des exportations de pétrole brut) et l’Inde (38 %) ont absorbé plus des trois-quarts des exportations de pétrole russe, contre 6 % pour l’Union. Depuis l’annonce des sanctions, plusieurs acheteurs indiens et chinois ont mis en pause leurs commandes, tandis que les pétroliers russes ont accéléré leurs cadences pour livrer leurs cargaisons avant le 21 novembre.
Tandis que Moscou peine à trouver des acheteurs, JP Morgan estime que près d’un tiers du potentiel d’exportation maritime de pétrole est bloqué à bord des navires russes.
- Les exportations russes de brut sont en baisse de 10 % depuis l’annonce des sanctions fin octobre, selon les données compilées par Bloomberg à partir des itinéraires des pétroliers.
- Les revenus perçus par Moscou pour ses exportations d’hydrocarbures ont quant à eux atteint le mois dernier leur niveau le plus faible depuis 2022, avec une baisse de 11 % des revenus provenant des exportations de produits pétroliers 1.
- Toutefois, malgré des signes initiaux d’efficacité, l’absence d’une hausse significative des prix du pétrole suggère que les acheteurs ne sont pas inquiétés par l’entrée en vigueur des sanctions américaines 2.
Après un bond initial de près de 7 % du prix du baril de Brent entre le 21 et le 23 octobre, le cours est redescendu autour des 64 dollars au jeudi 20 novembre, soit 20 % de moins que son pic atteint à la mi-juin. Le prix du brut de l’Oural, l’indice de référence du pétrole russe, a quant à lui chuté pour atteindre son niveau le plus faible depuis mars 2023, autour de 36 dollars pour les ports russes de la mer Noire.
- L’énergie constitue la première source de revenus pour le Kremlin, et représente environ un quart du budget fédéral chaque année.
- Un prix faible du baril russe impacte directement les capacités de financement de la guerre en Ukraine par la Russie.
- Dimanche 16 novembre, le président américain a déclaré qu’il était favorable au projet de loi du Sénat visant à sanctionner les pays ayant des relations commerciales avec la Russie 3, ce qui pourrait entraîner l’imposition de droits de douane supplémentaires pour les principaux importateurs d’énergie russe.
- Cette perspective semble toutefois s’éloigner : dans le cadre du plan en 28 points visant à mettre fin à l’agression russe en Ukraine, les sanctions à l’encontre de la Russie seraient levées.
Sources
- Julian Lee, « Russia’s Oil Flows and Prices Deepen Slide in Hit to War Funding », Bloomberg, 18 novembre 2025.
- Serene Cheong, « Oil Traders Are Betting Trump’s New Sanctions on Russia Won’t Bite », Bloomberg, 20 novembre 2025.
- Catherine Lucey, María Paula Mijares Torres, Trump Says He’d Back Bill to Sanction Russia’s Trading Partners, Bloomberg, 17 novembre 2025.